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« Détruire un espace gorgé de vie et de le remplacer par un parking de supermarché » c’est la définition que donne, l’astrophysicien Aurélien Barrau pour définir notre vision actuelle de la croissance. Le scientifique était l’invité de France Inter (La terre au Carré) pour la sortie de son dernier écrit « Il faut une révolution politique, poétique et philosophique » aux éditions Zulma. Et après plusieurs mois de silence, Aurélien Barrau n’a pas manqué sa sortie. Avec ses qualités de rhétorique, l’homme fait un constat accablant de notre manque de créativité pour vivre avec les vivants (que nous sommes). Car il estime que nous sommes déjà dans une situation d’effondrement, avec des réactions totalement inadaptées face aux enjeux. La question n’est pas de polluer moins, mais d’accepter de vivre nous (humains) parmi et avec les vivants. Tous nos mots sont fait pour nous mettre en situation de maitrise du vivant. L’environnement ou l’écologie renvoient à notre volonté de maitriser les mondes vivants de notre planète.

La question édifiante des supermarchés

Ils sont le mal incarnés de notre société. Ils traduisent l’échec de notre société occidentale basée sur l’hyper-consommation. Le plaisir c’est d’acheter, toujours plus, toujours plus futile, toujours plus bling bling. Outre le modèle de société délétère des supermarchés, ils détruisent la vie d’un bout à l’autre de leur fonctionnement. Et nous en sommes les complices !

Produire plus, produire moins cher, quitte à fracturer et détruire tous les modèles vivants. C’est vrai que c’est primordial de pouvoir s’acheter et se goinfrer d’un burger avec deux, trois ou quatre steaks produits à l’autre bout du monde dans des fermes intensives. C’est vrai que c’est essentiel de pouvoir s’acheter un coussin massant électrique pour se vautrer dans son canapé. Il est aussi vrai que c’est important de s’offrir un kit de cinq multiprises électriques que l’on peut accrocher d’un clip sur sa table de terrasse. Et que dire de cette pâte à tartiner, désormais bien connue pour sa capacité tuer directement et indirectement. On se bat littéralement dans nos supermarchés pour l’acheter quelques centimes moins cher. Mais quelle est son utilité nutritionnelle ? Consommer mieux, consommer local, consommer naturel coûterait plus cher ? Bien sûr que non !

Ce qui coûte cher ce sont tous ces achats inutiles, futiles et transformés. Ils coûtent chers dans notre porte-monnaie. Ils coûtent très chers à notre communauté des vivants. C’est ce que rappelle Aurélien Barrau. Un supermarché champion du greenwashing comme Leclerc ou Lidl, vient toujours détruire une forêt, un espace de nature gorgé de vivant. Plus rien ne pourra plus le remplacer avec sa cohorte de chariots processionnaires remplis de Coca-Cola, de Nutella, de farine transformée, de pain industriel, … Mais heureusement la taille de notre voiture sur le parking du supermarché montre à l’autre combien l’on gagne plus que l’autre.

La catastrophe et l’effondrement sont déjà là

Aurélien Barrau le rappelle avec ses mots et sa logique implacable l’effondrement est déjà là, sous nos yeux. Pendant que les dirigeants politiques serrent des mains et promettent une société plus responsable et plus respectueuse, on s’imagine changer la donne en essayent de polluer moins. Un nouveau gouvernement, une première ministre chargée de la planification écologique, un ministre chargé de l’écologie macron compatible, mais tous au service d’une révolution (présidentielle) à servir les enjeux économiques de la croissance financière. Comment s’émanciper de ce diktat de la pensée unique : consommation, argent, échelle sociale, … ?

Pour Aurélien Barrau, la diffusion doit être fractale pour toucher le plus grand nombre. Les incarnations individuelles, dont il fait partie, comme Greta Thunberg, finissent toujours par se perdre dans le cirque médiatique. Et comme il le dit, tant mieux !

D’autres viendront porter haut et fort le message. Mais en attendant penser c’est agir. Penser autrement que vie = ressource à exploiter et à épuiser. Il est vraiment grand temps de mettre, et remettre de la sobriété dans nos vies.

Détruire un espace gorgé de vie et de le remplacer par un parking de supermarché … Nous pouvons rendre ses espaces à la nature et à la vie en boycottant ces espaces de malheur. Et on se laisse avec ce chiffre à méditer, que notre civilisation a exterminé la moitié des espèces sauvages en moins de 10 ans ! C’est notre bilan, mais heureusement on a la 5G … Enfin nous humains représentons 0,01% des vivants, mais nous sommes à l’origine de 80% des morts.