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Pascal Demurger (MAIF) symbole du green, social et impact washing ?

L’habit ne fait pas le moine, même en superposant les habits. Il semble bien que le patron de la MAIF, Pascal Demurger, se confronte actuellement à cette réalité en voulant mettre la main sur le Mouvement Impact France. A la tête de l’assureur MAIF depuis 2009, Pascal Demurger surfe habillement sur la tendance sociale et écologique. L’homme maîtrise parfaitement les codes du marketing et de la communication pour se forger l’image d’un entrepreneur à impact. Et si l’opération a bien pris au sein de la MAIF, exporter et confronter cette méthode face à de vrais entrepreneurs soucieux de leur impact semble rencontrer une vraie opposition. En voulant prendre la présidence du Mouvement Impact France, le patron de la MAIF suscite une véritable opposition d’une partie du mouvement. C’est ainsi que 26 entrepreneurs de l’économie sociale dénoncent l’évolution du Mouvement Impact France selon nos confrères de La Tribune.



 

MAIF ou TotalEnergie à chacun son impact washing

En prenant la tête de l’assureur MAIF, Pascal Demurger a incontestablement bénéficié d’un solide avantage par rapport à Patrick Pouyanné. Les deux entreprises n’héritent pas de la même histoire. Longtemps, et bien avant l’évolution sociale et écologique de notre société, la MAIF pouvait se targuer d’un comportement singulier. Dès sa création en 1934, la MAIF s’inscrit dans une démarche militante. Idem quelques années plus tard, quand la MAIF en 1947 lance sa coopérative d’achat la CAMIF. Une offre originale et longtemps pérenne, avant d’être sabordée par la MAIF elle même, et d’être reprise par la MAIF elle même (une fois la CAMIF reconstruite autour d’un nouveau projet).

Chez TotalEnergie on ne peut pas se vanter d’un tel bilan. Et c’est là qu’en prenant la direction en 2009, Pascal Demurger a habillement profité de ce passé glorieux, pour forger sa propre image et cultiver ce que l’on appelle aujourd’hui, son personal branding. Il est devenu l’assureur militant mais avec un salaire de trente fois le SMIC. Les autres membres du Comex de la MAIF ne doivent pas être en reste. Le militantisme rencontre parfois quelques difficultés opérationnelles …

Derrière quelques opérations de communications internes et externes, la MAIF s’éloigne de ses valeurs, tout en arborant fièrement un nouveau blason d’entreprise à mission. Quand les artifices remplacent le coeur du système …



 

L’enjeu marketing de l’impact social et écologique

Pendant des décennies, nous avons laissé filer et sacrifié le vivant au profit de l’argent et des intérêts de quelques uns. De cette époque anthropocène, nous héritons aujourd’hui d’entreprises puissantes bien déterminées à conserver leurs positions. Face à elles une génération bien décidée à remettre le respect du vivant au coeur des enjeux des années à venir, notamment pour limiter les effets désastreux de ses vielles pratiques sur le climat. Bien évidemment la MAIF, comme TotalEnergie ou bien d’autres grandes entreprises n’ont foncièrement aucun intérêt à revoir leur modèle. Par contre elles mesurent bien la nécessité d’afficher et de communiquer autrement sur leurs activités. Pour se faire chacune adopte son style, MacDonald passe du rouge au vert, Total devient TotalEnergie et fait tourner des éoliennes dans ses publicités, Leclerc se fait le défenseur du pouvoir d’achat, la MAIF affiche son militantisme, et l’Etat lui même adopte ses pratiques douteuses. Du moins disant au plus disant, le plus important l’affaire d’une communication bien orchestrée.

Sauf qu’en face de ces dinosaures pas encore disparus, une nouvelle génération d’entrepreneurs fonctionne bien différemment. Le respect, la solidarité, l’éthique sociale, la préservation de la biodiversité sont désormais au coeur de leur motivation et de leur existence même. La finalité n’est pas de gagner de l’argent à tout prix, mais de vendre un bien ou un service réellement utile en intégrant à chaque étape l’impact social et écologique.

Alors forcément quand un dinosaure veut se déguiser en colibri dans une forêt, cela se voit un peu …



 

Défendre les fondements du Mouvement Impact France

C’est lors de la prochaine assemblée générale du Mouvement Impact France le 24 mai prochain que l’on saura si le coup de force de Pascal Demurger prendra forme.

En attendant 26 entrepreneurs, dont des fondateurs du Mouvement Impact France (anciennement Mouves), lancent le Collectif des Entrepreneurs Sociaux. Ce collectif, dont Jonathan Jérémiasz est le porte-parole entend bien faire entendre sa voix face à ceux qui veulent faire du Mouvement Impact France une organisation fédératrice des entreprises aux bonnes intentions sociales et écologiques. Autant dire un nouveau Medef (dinosaure) déguisé lui aussi en colibri ? Mais surtout une nouvelle organisation représentative au service des intérêts d’un seul homme … Comme on dit on n’a pas le c.. sorti des ronces tant que ses pratiques douteuses perdureront dans notre société.