Le jeudi 16 octobre, le cinéma de Saint-Gaudens accueille deux documentaires qui interrogent notre rapport au vivant et aux luttes territoriales
Dans la salle obscure du Régent, les images ont ce pouvoir singulier de nous faire basculer dans d’autres réalités, de nous confronter à des visions du monde qui bousculent nos certitudes. Le jeudi 16 octobre 2025, ce cinéma de Saint-Gaudens, devenu une référence pour celles et ceux qui cherchent à comprendre les enjeux de notre temps, propose une soirée particulière. Deux films, deux regards, une même urgence : celle de documenter les mouvements qui tentent de préserver ce qui reste de notre environnement face à une logique d’exploitation qui semble ne connaître aucune limite.
Ce n’est pas une simple séance de cinéma. C’est une invitation à plonger dans les coulisses d’un mouvement qui fait parler de lui, à rencontrer des visages, des histoires, des choix de vie qui interrogent notre propre rapport à l’action collective. À 18h15, « Le vivant qui se défend » de Vincent Verzat ouvre la soirée. À 20h30, « Soulèvements » de Thomas Lacoste prend le relais, avec la présence du réalisateur pour échanger après la projection. Entre militantisme et contemplation, entre urgence et réflexion, ces deux œuvres tissent un fil conducteur : celui d’une génération qui refuse de rester spectatrice.
« Soulèvements » : seize voix pour un mouvement
Le film de Thomas Lacoste n’est pas un manifeste. Ce n’est pas non plus un documentaire didactique qui expliquerait froidement les rouages d’une organisation. « Soulèvements » est avant tout un portrait humain, construit autour de seize témoignages qui dessinent en creux la diversité d’un mouvement souvent réduit à quelques images chocs dans les médias. Seize personnes, seize parcours différents, seize manières d’habiter l’engagement.
Ce qui frappe dans le dispositif choisi par le réalisateur, c’est cette volonté de laisser la parole circuler, de ne pas imposer une vision unique. On y découvre des agriculteurs qui voient leurs terres menacées, des jeunes militants qui ont fait de la lutte leur mode de vie, des scientifiques qui apportent leur expertise, des habitants de zones rurales confrontés à des projets d’aménagement destructeurs. Cette approche chorale permet de saisir la complexité d’un mouvement qui refuse les étiquettes simples et les analyses réductrices.
L’eau, la terre, le vivant : des batailles concrètes
Le documentaire ne s’embarrasse pas de généralités. Il plonge dans des luttes précises, ancrées dans des territoires identifiés. L’accaparement des terres agricoles par de grands groupes industriels, la construction de méga-bassines qui assèchent les nappes phréatiques, la bétonisation de zones humides essentielles à la biodiversité : autant de dossiers que le film documente avec précision. Ces combats ne sont pas abstraits. Ils concernent l’accès à l’eau potable, la capacité à produire une alimentation saine, la survie d’écosystèmes fragiles.
Thomas Lacoste montre comment ces mobilisations dépassent largement le cadre de l’écologie politique traditionnelle. Elles mettent en jeu des questions de justice sociale, de démocratie locale, de rapport de force entre citoyens et décideurs économiques. Le film donne à voir ces moments où des personnes ordinaires décident de ne plus accepter ce qui leur semble inacceptable, quitte à prendre des risques personnels considérables.
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Entre contemplation et action : le chemin de Vincent Verzat
Avant la projection principale, « Le vivant qui se défend » offre un contrepoint intimiste et personnel. Vincent Verzat, créateur de la chaîne YouTube « Partager c’est Sympa » suivie par plus de 310 000 abonnés, propose avec ce film un récit autobiographique qui interroge les contradictions inhérentes à tout engagement écologique. Comment militer sans s’épuiser ? Comment trouver un équilibre entre la colère légitime face aux destructions en cours et la nécessité de maintenir une forme de sérénité pour tenir dans la durée ?
Un documentaire au long cours
Depuis dix ans, Vincent Verzat filme les mobilisations écologiques. Cette longue fréquentation du terrain lui a permis de développer un regard nuancé, loin des simplifications médiatiques. Dans « Le vivant qui se défend », il assume une approche subjective, mêlant ses questionnements personnels aux images de luttes collectives. Le film circule entre les forêts du plateau des Millevaches, où des citoyens tentent de protéger des arbres centenaires, les bassins artificiels du Poitou devenus le symbole d’une gestion absurde de l’eau, et l’autoroute A69 dont le chantier détruit des zones naturelles précieuses.
Mais Verzat ne filme pas que les humains. Une partie significative du documentaire est consacrée aux animaux sauvages : des blaireaux dans leur terrier, des cerfs dans le Vercors. Ces séquences ne sont pas de simples intermèdes contemplatifs. Elles rappellent que les luttes pour la préservation des espaces naturels ne concernent pas uniquement l’humanité. Chaque autoroute, chaque barrage, chaque urbanisation supplémentaire grignote l’habitat d’espèces qui n’ont pas voix au chapitre dans nos processus décisionnels.
La question de l’équilibre
Ce qui rend le film de Verzat particulièrement intéressant, c’est son honnêteté face aux difficultés psychologiques que peut engendrer un militantisme de tous les instants. Entre burn-out militant et désespoir écologique, le réalisateur explore les zones grises, les moments de doute, la tentation du repli. Il n’apporte pas de réponses toutes faites, mais documente un cheminement personnel qui résonnera probablement chez beaucoup de spectateurs confrontés aux mêmes questionnements.
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Le Régent, bien plus qu’une salle de cinéma
Programmer cette double séance n’est pas un hasard. Le cinéma Le Régent à Saint-Gaudens s’est progressivement imposé comme un lieu où se croisent des publics variés autour de questions essentielles. Loin de se cantonner au divertissement de masse, la salle assume une ligne éditoriale exigeante, proposant régulièrement des films qui documentent les transformations sociales, environnementales et politiques de notre époque.
Une programmation engagée
Cette soirée du 16 octobre s’inscrit dans une démarche plus large, menée en partenariat avec les Soulèvements de la terre Comminges et le festival fredd. Ces collaborations ne sont pas cosmétiques. Elles témoignent d’une volonté de faire du cinéma un espace de débat, un lieu où les images deviennent des outils pour penser collectivement les défis auxquels nous sommes confrontés. La présence du réalisateur Thomas Lacoste après la projection principale permettra d’ailleurs de prolonger la réflexion, d’interroger les choix artistiques, de discuter des enjeux soulevés par le film.
Dans des territoires ruraux comme le Comminges, ce type d’initiatives culturelles joue un rôle crucial. Elles permettent de décloisonner les discussions, de créer des ponts entre différentes sensibilités, de sortir de l’entre-soi qui caractérise parfois les milieux militants. Le cinéma devient alors un espace public au sens plein du terme, un endroit où se fabrique une culture commune autour de préoccupations partagées.
Une caisse de résonance locale
Le choix de diffuser ces deux documentaires fait écho à des réalités très concrètes dans la région. Les questions d’aménagement du territoire, de préservation des espaces naturels, de modèle agricole sont loin d’être théoriques dans les Pyrénées. Les débats sur l’eau, sur l’usage des sols, sur le tourisme de masse ou sur les infrastructures traversent régulièrement les vallées. En donnant à voir des mobilisations menées ailleurs en France, ces films offrent des grilles de lecture, des exemples d’organisation collective, des témoignages qui peuvent inspirer ou interroger.
Le Régent assume ainsi pleinement son rôle de médiateur culturel. Il ne s’agit pas de faire de la propagande, mais de mettre à disposition du public des œuvres qui élargissent le champ des possibles, qui montrent d’autres manières de s’organiser, d’autres rapports à l’environnement, d’autres façons d’envisager l’avenir.
Des films qui arrivent à point nommé
L’automne 2025 s’annonce comme une période charnière pour beaucoup de dossiers environnementaux. Les rapports scientifiques continuent de documenter l’accélération du dérèglement climatique, la chute de la biodiversité, l’épuisement des ressources. Dans ce contexte, les propositions politiques semblent souvent déconnectées de l’urgence de la situation. C’est dans cet écart que se développent des initiatives citoyennes qui tentent d’agir directement, sans attendre que les institutions bougent.
Documenter pour comprendre
Les deux films proposés par Le Régent partagent cette ambition de documenter avec précision des réalités souvent mal connues du grand public. Ils montrent des personnes qui font des choix difficiles, qui prennent des risques, qui acceptent de bousculer leur confort pour défendre ce qui leur semble essentiel. Sans angélisme, sans héroïsation outrancière, mais aussi sans cynisme ni défaitisme. Il s’agit simplement de montrer ce qui existe, de donner à voir des expériences concrètes, de laisser chacun se forger sa propre opinion.
Cette approche documentaire est précieuse à une époque où les débats sur l’écologie sont souvent saturés d’opinions tranchées, de positions caricaturales. Les images permettent de nuancer, de complexifier, de sortir des oppositions binaires. Elles rappellent que derrière les grands discours, il y a des femmes et des hommes qui agissent au quotidien, avec leurs doutes, leurs contradictions, leur détermination.
L’importance de la transmission
En filmant ces mobilisations, Thomas Lacoste et Vincent Verzat accomplissent aussi un travail de mémoire. Ils constituent des archives visuelles qui témoigneront, dans quelques années, de ce moment particulier où une partie de la société a décidé de résister à un modèle économique destructeur. Ces films ne sont pas que des outils de sensibilisation pour le présent. Ce sont aussi des documents pour l’avenir, des traces de ce qui aura été tenté, expérimenté, imaginé.
Cette dimension mémorielle prend tout son sens dans un contexte où les mouvements sociaux sont souvent rapidement oubliés, digérés par le flux médiatique, réduits à quelques images chocs. Le cinéma documentaire permet de ralentir, de prendre le temps de l’analyse, de restituer la profondeur des enjeux. Il offre une alternative aux formats courts et spectaculaires qui dominent l’information en continu.
Informations pratiques
Date : Jeudi 16 octobre 2025
Horaires :
- 18h15 : « Le vivant qui se défend » de Vincent Verzat
- 20h30 : « Soulèvements » de Thomas Lacoste
Lieu : Cinéma Le Régent, Saint-Gaudens
Tarifs : Tarifs habituels du cinéma
En partenariat avec : Les Soulèvements de la terre Comminges et le festival fredd
La séance de 20h30 sera suivie d’une discussion avec Thomas Lacoste, réalisateur de « Soulèvements ». Une occasion rare d’échanger directement avec l’auteur du film, de l’interroger sur son travail, de prolonger la réflexion collective amorcée par les images.
Réservation conseillée
Compte tenu de l’intérêt suscité par ce type de programmation et de la présence du réalisateur, il est vivement conseillé de réserver ses places à l’avance. Le cinéma Le Régent dispose d’une billetterie en ligne accessible depuis son site internet. Pour ceux qui préfèrent les méthodes traditionnelles, la billetterie physique est également ouverte aux horaires habituels.
Cette soirée au Régent est l’une de ces occasions trop rares où le cinéma retrouve sa fonction première : non pas seulement divertir, mais aussi faire réfléchir, questionner, ouvrir des perspectives. Dans un monde saturé d’images jetables et de contenus formatés, prendre le temps de voir deux documentaires exigeants, de rester pour discuter avec un réalisateur, de croiser d’autres spectateurs venus pour les mêmes raisons, tout cela constitue un acte en soi. Un acte de présence, d’attention, de disponibilité intellectuelle. Et peut-être, qui sait, le début d’autres conversations, d’autres engagements, d’autres manières d’habiter ce territoire et ce temps qui sont les nôtres.