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Laine des Pyrénées : matière oubliée ou filière à relancer ?

Laine des Pyrénées

Laine des Pyrénées : matière oubliée ou filière à relancer ? Dans les vallées pyrénéennes, la laine des brebis, autrefois précieuse, est aujourd’hui souvent considérée comme un déchet. Pourtant, cette ressource naturelle et locale pourrait retrouver une place centrale dans nos modes de vie plus sobres et respectueux de l’environnement. Notamment, son utilisation directe au jardin, sans transformation industrielle, offre des perspectives intéressantes.

Laine des Pyrénées : matière oubliée ou filière à relancer ?

Chaque année, les brebis des Pyrénées produisent environ 1,8 kg de laine par animal. Cependant, près de 1 000 tonnes de cette laine ne sont plus collectées, faute de débouchés économiques. Les fibres grossières et généreuses des races locales ne répondent plus aux standards de l’industrie textile moderne, ce qui a conduit à l’abandon progressif de cette matière autrefois prisée pour la fabrication de couvertures, bérets et matelas.

Face à cette situation, des initiatives émergent pour redonner de la valeur à la laine pyrénéenne, en explorant des usages alternatifs, notamment dans le domaine agricole et horticole.

La laine au jardin : un paillage naturel et efficace

Utiliser la laine brute comme paillis au jardin présente de nombreux avantages écologiques et pratiques :

Fertilisation lente et naturelle

La laine non lavée contient des nutriments essentiels tels que l’azote, le phosphore et le potassium. En se décomposant lentement, elle libère ces éléments dans le sol, agissant comme un engrais à libération lente sur une période pouvant excéder six mois.

Régulation de l’humidité et de la température

Grâce à sa capacité à retenir jusqu’à 30 % de son poids en eau, la laine maintient l’humidité du sol, réduisant ainsi la fréquence des arrosages. De plus, ses propriétés isolantes protègent les plantes des variations thermiques, tant en été qu’en hiver.

Barrière contre les adventices et les ravageurs

Une couche de laine empêche la croissance des mauvaises herbes en bloquant la lumière. Sa texture dissuade également les limaces et les escargots, qui évitent de se déplacer sur cette surface désagréable pour eux.

Amélioration de la structure du sol

En se décomposant, la laine enrichit le sol en matière organique, favorisant la vie microbienne et améliorant la structure du sol. Elle peut également être incorporée au compost ou mélangée au terreau pour les semis et bouturages.

Des initiatives locales pour valoriser la laine

Des structures comme la SCOP Ardelaine en Ardèche ont développé des produits de paillage en laine, proposés en différentes densités et formats, adaptés aux besoins des jardiniers et agriculteurs. Ces produits sont biodégradables, fabriqués en France et contribuent à une économie circulaire en valorisant une ressource locale.

Dans les Pyrénées, le projet transfrontalier Lanaland a exploré des pistes de valorisation de la laine locale, notamment en tant que fertilisant ou matériau isolant, avec des résultats prometteurs.

Vers une redécouverte de la laine pyrénéenne

Redonner une place à la laine dans nos jardins et nos modes de vie participe à une démarche de sobriété et de respect de l’environnement. En valorisant cette ressource locale, nous soutenons les éleveurs, réduisons les déchets et contribuons à la fertilité de nos sols.

Il est temps de reconsidérer la laine des Pyrénées non pas comme une matière oubliée, mais comme un trésor à relancer, au service d’une agriculture plus durable et d’un mode de vie plus sobre.

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