Le paradoxe de l’ours payeur
L’ironie suprême de ce système réside dans le rôle paradoxal de l’ours brun pyrénéen. Cet animal, réintroduit dans son habitat naturel au prix de polémiques interminables, est devenu le financeur involontaire de toute la filière de protection des troupeaux. Sa simple présence sur le territoire déclenche une cascade de subventions, d’obligations réglementaires et d’investissements publics qui irriguent l’ensemble de l’économie estivale.
L’aide à la protection des exploitations et des troupeaux vise à “accompagner financièrement les éleveurs détenteurs de troupeau d’ovins et de caprins soumis à un risque de prédation dans la mise en place de mesures de protection des troupeaux, en compensant les surcoûts induits par les changements de pratiques : gardiennage renforcé, chiens de protection, clôtures électrifiées, études et accompagnement technique”. |
Cette contrainte réglementaire a créé un marché captif pour tous les prestataires de la protection des troupeaux. La mesure couvre notamment “les investissements matériels, l’achat, la stérilisation et les tests de comportement des chiens de protection, l’accompagnement technique et l’analyse de vulnérabilité”. Pour 2025, les éleveurs ont jusqu’au 31 juillet pour déposer leurs demandes d’aide, créant un rythme administratif annuel qui structure désormais toute la filière.
L’ours, prédateur naturel, devient ainsi paradoxalement le moteur économique d’une industrie de la protection qui n’existerait pas sans lui. Plus sa population augmente, plus les budgets alloués à la coexistence s’accroissent, alimentant une économie circulaire où chaque protagoniste trouve son compte financier.
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