Written by 17h03 Cyclisme, Sport

Tadej Pogačar champion d’Europe et du Monde

Le Slovène confirme sa domination sur le cyclisme mondial

Ce dimanche 5 octobre 2025, le cyclisme a été témoin d’un moment rare dans l’histoire du sport. Tadej Pogačar, déjà champion du monde en titre, a ajouté le titre de champion d’Europe à son palmarès déjà impressionnant. Cette double casquette constitue une première absolue dans l’histoire des championnats continentaux et mondiaux, confirmant que le coureur slovène domine actuellement le cyclisme professionnel d’une main de fer.

La course s’est déroulée dans des conditions exigeantes, avec un parcours qui a mis à l’épreuve les plus grands noms du peloton européen. Dès les premiers passages sur les côtes difficiles du tracé, il était clair que seuls les meilleurs parviendraient à suivre le rythme imposé par les favoris. Et parmi ces favoris, un homme allait se détacher avec une aisance déconcertante.

Une attaque décisive sur la côte de Saint-Romain-de-Lerps

C’est à environ 74 kilomètres de l’arrivée que Tadej Pogačar a décidé de frapper un grand coup. Dans l’ascension de la côte de Saint-Romain-de-Lerps, une montée de 7,1 kilomètres à 7% de pente moyenne, le Slovène a lancé une accélération progressive mais redoutable. Contrairement aux attaques explosives auxquelles on assiste parfois dans les courses cyclistes, Pogačar a choisi d’augmenter son rythme de manière constante, mettant ainsi ses adversaires face à un choix cornélien : tenter de suivre au risque de craquer complètement, ou le laisser partir en espérant un retour ultérieur.

Seul Remco Evenepoel, le champion olympique belge, a d’abord réussi à rester dans la roue du Slovène. Mais même le talent du Belge n’a pas suffi face à la puissance développée par Pogačar. Juan Ayuso, l’Espagnol qui avait tenté de s’accrocher au duo de tête, a rapidement dû renoncer, complètement dépassé par l’intensité de l’effort. Derrière eux, le jeune Français Paul Seixas, seulement 19 ans, gérait parfaitement son effort et s’isolait en troisième position, montrant déjà une maturité tactique impressionnante pour son âge.

L’écart entre Pogačar et ses poursuivants n’a cessé de croître au fil des kilomètres. Chaque fois que la route s’élevait, le champion du monde en profitait pour accentuer son avance. À l’inverse, dans les portions plus plates, ses adversaires parvenaient parfois à reprendre quelques secondes, mais jamais suffisamment pour réellement menacer sa domination. À 50 kilomètres de l’arrivée, Pogačar comptait déjà 40 secondes d’avance. À 20 kilomètres du but, son avance était montée à plus de deux minutes, faisant de lui le vainqueur virtuel de ce championnat d’Europe.

La course pour les places d’honneur

Si la première place était déjà attribuée dans les têtes des observateurs, la bataille pour le podium restait totalement ouverte. Remco Evenepoel, isolé en deuxième position, tentait de gérer son effort pour conserver sa place d’honneur. Le Belge, dont le caractère affirmé est bien connu dans le peloton, a montré quelques signes de frustration pendant la course. Voyant que ses compagnons d’échappée ne collaboraient pas suffisamment à ses yeux pour revenir sur Pogačar, il a finalement décidé de partir seul, environ une heure avant l’arrivée.

Cette décision était compréhensible : Evenepoel avait probablement besoin de récupérer après avoir tenté de suivre l’attaque initiale de Pogačar, et il ne pouvait pas se permettre d’attaquer trop tôt au risque de se retrouver à court d’énergie. Sa deuxième place finale confirme qu’il reste l’un des meilleurs coureurs du monde, même si l’écart avec Pogačar semble pour l’instant difficile à combler.

Paul Seixas, l’espoir français qui brille

Derrière le duo Pogačar-Evenepoel, c’est une véritable bataille pour la médaille de bronze qui s’est jouée. Le jeune Français Paul Seixas, originaire de Lyon et âgé de seulement 19 ans, a démontré des qualités exceptionnelles pour son âge. Face à des coureurs plus expérimentés comme l’Espagnol Juan Ayuso et l’Italien Cristian Scaroni, le prodige tricolore a su gérer intelligemment ses efforts.

Thomas Voeckler, présent dans la voiture de l’équipe de France, a même pris le temps de conseiller Seixas pendant la course, lui suggérant de cesser de rouler pour économiser son énergie en vue de la fin de course. Ce conseil s’est avéré judicieux. Dans la dernière ascension de la côte du Val d’Enfer, Seixas a lancé pas moins de quatre attaques successives. Complètement plié sur sa machine, donnant tout ce qu’il avait dans le corps, le jeune Lyonnais a fini par distancer Scaroni, qui lui collait pourtant aux roues comme un sparadrap depuis plusieurs kilomètres.

Cette médaille de bronze représente un exploit remarquable pour Paul Seixas. À 19 ans, monter sur le podium d’un championnat d’Europe face à l’élite du cyclisme mondial est un accomplissement rare qui laisse présager un avenir brillant. Son mental, sa capacité à relancer encore et encore malgré la fatigue, et son intelligence tactique ont impressionné les observateurs. La France peut se réjouir de compter dans ses rangs un talent aussi prometteur.

Un parcours exigeant qui a fait des victimes

Le tracé de ce championnat d’Europe 2025 n’a épargné personne. Avec des passages répétés sur la côte du Val d’Enfer et celle de Saint-Romain-de-Lerps, les organisateurs avaient conçu un parcours destiné à sélectionner naturellement les meilleurs grimpeurs et les coureurs les plus complets. Plusieurs grands noms ont d’ailleurs payé le prix de cette exigence.

Jonas Vingegaard, le coureur danois double vainqueur du Tour de France, a été l’une des victimes les plus notables de cette course difficile. Lâché à plus de 100 kilomètres de l’arrivée, le Danois n’a jamais réussi à retrouver le rythme imposé en tête de course. Après avoir tenté de limiter les dégâts pendant plusieurs dizaines de kilomètres, Vingegaard a finalement pris la décision d’abandonner, reconnaissant que son niveau de forme du jour ne lui permettrait pas de jouer un rôle dans cette course.

Le Français Victor Paret-Peintre, pourtant vainqueur récent d’une étape au Mont Ventoux, et le Portugais João Almeida, deuxième de la dernière Vuelta, ont également dû renoncer. Ces abandons montrent bien que dans une course d’un jour, sur un parcours aussi sélectif, il ne suffit pas d’avoir un bon palmarès : il faut être au sommet de sa forme au moment précis de l’épreuve.

Une sélection naturelle impitoyable

Au fil des kilomètres et des ascensions, le peloton s’est progressivement réduit. De plus d’une centaine de coureurs au départ, ils n’étaient plus que 17 en course dans la dernière partie de l’épreuve. Cette sélection drastique témoigne de la difficulté du parcours, mais aussi du rythme élevé imposé dès les premières heures de course.

Remco Evenepoel a d’ailleurs joué un rôle important dans cette sélection. Par une grosse accélération dans la côte du Val d’Enfer, le Belge a mis fin aux tentatives d’échappée et provoqué un regroupement du groupe de tête. Seuls les coureurs les plus solides ont pu suivre cette accélération, et c’est à partir de ce moment que la course s’est vraiment dessinée entre une vingtaine de prétendants sérieux.

Pogačar, un phénomène qui marque son époque

Avec cette victoire, Tadej Pogačar réalise donc un doublé historique : être simultanément champion du monde et champion d’Europe. Aucun coureur avant lui n’avait réussi à porter ces deux maillots en même temps. Cette performance s’ajoute à un palmarès déjà exceptionnel qui comprend notamment plusieurs victoires sur le Tour de France et d’innombrables succès sur les plus grandes courses du calendrier international.

Ce qui impressionne chez le Slovène, au-delà de ses résultats, c’est la facilité avec laquelle il semble survoler les courses. Là où d’autres coureurs doivent puiser dans leurs dernières réserves, Pogačar donne l’impression de contrôler son effort, de disposer toujours d’une marge de manœuvre. Son attaque à 74 kilomètres de l’arrivée, suivie d’un solo de plus d’une heure, en est la parfaite illustration. Peu de coureurs dans l’histoire du cyclisme ont été capables de telles démonstrations de force.

Une domination qui interroge

La suprématie de Pogačar sur le cyclisme mondial soulève naturellement des questions. Comment un coureur peut-il dominer à ce point ses concurrents, qui sont pourtant eux aussi des athlètes d’exception ? Plusieurs éléments de réponse peuvent être avancés. D’abord, Pogačar bénéficie d’une polyvalence rare : il excelle aussi bien dans les ascensions que dans les contre-la-montre, et possède même un bon sprint. Cette palette complète fait de lui un coureur sans point faible apparent.

Ensuite, le Slovène semble avoir une capacité de récupération exceptionnelle. Là où certains coureurs doivent espacer leurs objectifs pour être au mieux de leur forme, Pogačar enchaîne les courses importantes avec une régularité déconcertante. Son titre européen intervient quelques semaines seulement après ses championnats du monde, et il ne montre aucun signe de fatigue. Cette fraîcheur physique et mentale constante constitue un avantage considérable sur ses adversaires.

Enfin, Pogačar possède une intelligence tactique remarquable. Il sait quand attaquer, où faire la différence, et comment gérer son effort sur la longueur d’une course. Son attaque progressive dans la côte de Saint-Romain-de-Lerps en est un exemple parfait : plutôt qu’une accélération brutale que ses adversaires auraient pu contrer, il a choisi d’augmenter le rythme de manière constante, forçant ses concurrents à un choix impossible.

Au-delà de la performance sportive

Cette course a également été marquée par des moments qui rappellent que le cyclisme est un sport pratiqué au contact direct du public. Tadej Pogačar a d’ailleurs été victime de comportements inappropriés de certains spectateurs, qui n’ont pas hésité à le toucher ou même à lui coller des autocollants dans le dos pendant l’effort. Ces gestes, aussi anodins qu’ils puissent paraître à leurs auteurs, représentent un danger réel pour les coureurs.

Le cyclisme tire une grande partie de son charme de cette proximité unique entre les athlètes et leurs supporters. Pouvoir voir les coureurs passer à quelques centimètres, les encourager de vive voix, sentir leur effort et leur détermination, c’est une expérience que peu de sports peuvent offrir. Mais cette proximité implique une responsabilité : celle de respecter l’intégrité physique des coureurs et de ne pas mettre en danger leur sécurité.

Les dispositifs de sécurité restent relativement légers dans le cyclisme, précisément pour préserver cette proximité. Si les comportements dangereux se multiplient, les organisateurs pourraient être contraints d’installer davantage de barrières et de zones de protection, ce qui éloignerait le public des coureurs et appauvrirait l’expérience de tous. Il appartient donc à chaque spectateur de faire preuve de bon sens et de respect pour que le cyclisme conserve ce qui fait sa spécificité.

Perspectives pour la suite de la saison

Avec ce nouveau titre, Tadej Pogačar confirme qu’il aborde la fin de saison 2025 dans une forme exceptionnelle. Les dernières courses du calendrier s’annoncent passionnantes, avec un Pogačar qui sera naturellement le favori de chaque épreuve à laquelle il participera. Ses adversaires devront trouver des stratégies nouvelles pour espérer le battre, car les recettes habituelles ne semblent pas fonctionner face à un tel niveau de domination.

Pour les autres coureurs, cette course offre également des enseignements. Paul Seixas a prouvé qu’à 19 ans, il peut déjà rivaliser avec les meilleurs sur les grandes échéances. Remco Evenepoel, malgré sa défaite, a montré qu’il reste le principal rival de Pogačar, capable de suivre son rythme plus longtemps que quiconque. Juan Ayuso et Cristian Scaroni, bien que battus pour la médaille de bronze, ont démontré qu’ils font partie de l’élite européenne.

La saison 2026 s’annonce déjà palpitante. Les équipes et les coureurs vont analyser cette course, chercher les failles dans le dispositif de Pogačar, tenter de nouvelles approches. Le cyclisme est un sport en constante évolution, où les rapports de force peuvent se modifier rapidement. Mais pour l’instant, force est de constater que Tadej Pogačar règne sans partage sur le cyclisme mondial, et que ce nouveau titre européen ne fait que renforcer sa légende.

Une page d’histoire du cyclisme s’est écrite ce dimanche 5 octobre 2025. Tadej Pogačar, en devenant le premier coureur à cumuler les titres de champion du monde et d’Europe, s’inscrit définitivement dans la légende de ce sport. Son solo victorieux, la facilité apparente avec laquelle il a distancé ses adversaires, et la manière dont il continue de repousser les limites du possible font de lui l’un des plus grands champions que le cyclisme ait connus. Et à seulement 27 ans, il lui reste encore de nombreuses années pour étoffer davantage un palmarès déjà exceptionnel.

 

Visited 23 times, 1 visit(s) today
Close