Giro 2025

Un final renversant et de grands enseignements pour le cyclisme français

Le Giro d’Italia 2025 s’est conclu en apothéose ce dimanche 1er juin à Rome, après trois semaines de compétition à haute intensité. Cette 108e édition a été marquée par une dramaturgie exceptionnelle, une incertitude prolongée jusqu’à l’avant-dernière étape, et des performances individuelles remarquables. Le Britannique Simon Yates, au terme d’une course tactiquement irréprochable, a remporté son deuxième Grand Tour. Côté français, plusieurs coureurs se sont distingués, laissant présager de belles promesses pour le Tour de France, notamment sur l’étape pyrénéenne de Luchon-Superbagnères.

Simon Yates, la consécration d’un coureur de caractère

Sept ans après sa cuisante défaite sur le Colle delle Finestre en 2018, Simon Yates (Visma-Lease a Bike) a pris une éclatante revanche. C’est justement sur ce col mythique, théâtre de son effondrement passé, qu’il a cette fois signé l’attaque décisive, renversant le classement général lors de l’étape 20. Sans avoir levé les bras une seule fois sur la ligne, Yates s’empare du maillot rose à la régularité et à l’expérience, devenant le premier vainqueur du Giro sans victoire d’étape depuis Alberto Contador en 2015.

Cette victoire est l’aboutissement d’une carrière marquée par la résilience. À 32 ans, le Britannique s’inscrit dans la lignée des grands stratèges du peloton moderne, capable de gérer ses efforts, de lire la course et d’imposer un tempo écrasant au moment opportun. Sa victoire met aussi en lumière la montée en puissance de Visma-Lease a Bike, qui continue d’imposer sa domination tactique sur les Grands Tours.

Isaac Del Toro, la révélation mexicaine qui bouscule la hiérarchie

Le jeune prodige Isaac Del Toro (UAE Team Emirates) a captivé les suiveurs par son audace et sa maturité. À seulement 21 ans, il a porté le maillot rose pendant dix jours et animé les étapes de montagne avec une fougue rafraîchissante. Il a remporté deux étapes spectaculaires, s’imposant à l’issue de longues échappées en haute altitude.

Sa deuxième place au général, couplée au maillot blanc de meilleur jeune, fait de lui une figure montante du cyclisme mondial. Rarement un coureur si jeune a paru aussi solide sur trois semaines de course. Son duel à distance avec Yates, et sa gestion encore perfectible des dernières grandes étapes, préfigurent une belle rivalité pour les années à venir.

Richard Carapaz, toujours dans le match

Richard Carapaz (EF Education-EasyPost), lauréat du Giro 2019, complète le podium avec sa constance habituelle. Toujours à l’affût, il a tenté de secouer la hiérarchie lors des grandes étapes alpines, mais sans parvenir à faire plier Yates ou à contenir Del Toro. Son panache reste intact, mais l’âge commence à peser face à la nouvelle génération de grimpeurs.

Il n’en demeure pas moins que Carapaz continue de représenter une force stable dans les Grands Tours. Sa lecture de course et sa capacité à encaisser les coups durs lui permettent de viser systématiquement les podiums, même lorsqu’il n’a pas les meilleures jambes.

Les coureurs français : un Giro encourageant malgré les absences

Cette année, la délégation française n’avait pas de leader pour le classement général. Pourtant, plusieurs coureurs ont tiré leur épingle du jeu, à commencer par Nicolas Prodhomme (Decathlon AG2R La Mondiale). Le grimpeur de 27 ans a remporté une superbe victoire d’étape à Champoluc au terme d’une échappée solitaire maîtrisée, et a terminé 13e du général. Une performance qui le place désormais parmi les valeurs sûres du cyclisme français en montagne.

Autre satisfaction, Romain Bardet, pour son dernier Grand Tour, a offert une dernière démonstration de panache. Il a été très actif dans les étapes alpines, frôlant la victoire à Bormio, et s’est mis au service de son équipe avec une grande générosité. Son attitude humble et combative restera comme un exemple pour la nouvelle génération.

Mention également pour Rémi Cavagna, combatif dans les chronos, et pour le jeune Lenny Martinez, encore en apprentissage, mais prometteur dans ses prises d’initiative.

🚴‍♂️ Cap sur Luchon-Superbagnères

Le Giro 2025 a posé les jalons d’un Tour de France qui s’annonce palpitant. Parmi les étapes les plus attendues de la Grande Boucle figure l’arrivée à Luchon-Superbagnères, le 19 juillet prochain. Cette ascension pyrénéenne mythique, qui n’avait plus accueilli d’arrivée depuis 1989, pourrait faire office de juge de paix pour le classement général.

Avec des coureurs comme Yates, Del Toro ou Carapaz en grande forme, cette étape pourrait redessiner les contours du maillot jaune. La hiérarchie du Tour 2024, dominée par Tadej Pogačar devant Jonas Vingegaard et Remco Evenepoel, s’annonce bouleversée. Côté français, Nicolas Prodhomme pourrait y viser une nouvelle victoire de prestige, tandis que des grimpeurs aguerris comme David Gaudu (4e en 2022) ou Guillaume Martin auront à cœur de briller sur ce terrain qui leur sied.

L’épreuve pyrénéenne de Luchon-Superbagnères revêt aussi une dimension symbolique pour le cyclisme hexagonal. C’est l’occasion de renouer avec les grandes heures de gloire dans la montagne, de célébrer un cyclisme sobre, engagé, et reconnecté aux paysages des Pyrénées Haut-Garonnaises.

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