Tour de France 2025 : Superbagnères Lenny Martinez meilleur grimpeur dans la tradition familiale
Pogacar creuse l’écart, Evenepoel abandonne, Martinez récupère le maillot à pois
14e étape – Pau/Luchon-Superbagnères – 182,6 km – Samedi 19 juillet 2025
La 14e étape du Tour de France 2025 restera gravée dans les mémoires. Sur les pentes mythiques de Luchon-Superbagnères, le Néerlandais Thymen Arensman s’est imposé en solitaire avec plus d’une minute d’avance sur Tadej Pogacar, qui conserve le maillot jaune et creuse encore un peu plus l’écart sur ses rivaux. Jonas Vingegaard complète le podium d’étape, mais voit son retard sur le Slovène dépasser désormais les quatre minutes. Cette journée pyrénéenne aura été marquée par plusieurs événements marquants : l’abandon surprise de Remco Evenepoel et surtout la prise du maillot à pois par Lenny Martinez, qui perpétue une magnifique tradition familiale 47 ans après son grand-père.
Arensman résiste au retour des favoris
Cette 14e étape de 182,6 kilomètres entre Pau et Luchon-Superbagnères promettait du spectacle dans les Pyrénées, et elle a tenu toutes ses promesses. L’ascension finale de Superbagnères, longue de 12,4 kilomètres à 7,3 % de moyenne, constituait le juge de paix de cette étape montagneuse particulièrement exigeante.
Thymen Arensman, coureur de l’équipe Ineos Grenadiers, a parfaitement manœuvré dans cette journée difficile. Parti dans l’échappée matinale, le Néerlandais a su résister au retour fulgurant des favoris dans les derniers kilomètres de l’ascension vers Superbagnères. Sa victoire en solitaire témoigne de la qualité de sa préparation et de sa détermination sur ce final particulièrement sélectif.
La montée vers Superbagnères, que le peloton n’avait plus gravie depuis 1989, a révélé toute sa difficulté. Les pourcentages atteignent les 10 % sur un bon kilomètre dans le dernier kilomètre et demi, créant une rampe finale impitoyable qui a fait exploser les groupes et permis aux grimpeurs les plus purs de s’exprimer pleinement.
Pogacar prend le large au général
Si Thymen Arensman a remporté l’étape, la bataille pour le maillot jaune s’est une nouvelle fois jouée entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard. Le Slovène a une fois de plus démontré sa supériorité en déposant le Danois au sprint et en creusant son avance à plus de quatre minutes au classement général.
Cette performance confirme la domination sans partage du double vainqueur du Tour de France. Pour beaucoup d’observateurs, « le Tour est déjà plié pour la victoire finale », tant l’écart creusé par Pogacar semble désormais insurmontable à une semaine et demie de l’arrivée sur les Champs-Élysées.
Jonas Vingegaard, vainqueur des deux dernières éditions, peine à retrouver le niveau qui lui avait permis de dominer Pogacar. Le coureur danois de Visma-Lease a Bike accuse désormais un retard conséquent qui hypothèque sérieusement ses chances de remporter un troisième Tour de France consécutif. On ne se dirigerait pas vers une fin de Tour sans suspense dans les hauteurs du général, chacun semblant se résigner à sa position actuelle.
Le coup de tonnerre Evenepoel
L’abandon de Remco Evenepoel a constitué la surprise majeure de cette étape pyrénéenne. Le coureur belge de Soudal Quick-Step, qui figurait parmi les favoris pour le podium final, a dû mettre pied à terre, privant ainsi le Tour d’un de ses protagonistes les plus attendus.
Selon L’Équipe, cet abandon pourrait être dû à une maladie ou à une douleur aux côtes évoquée ces derniers jours après une chute aux Championnats de Belgique le 29 juin. Cette blessure, qui semblait pourtant contrôlée, a finalement eu raison de l’ambition du champion du monde du contre-la-montre.
Son abandon fait le bonheur du coureur allemand Florian Lipowitz, qui grimpe sur le podium du classement général et récupère ainsi le maillot blanc du meilleur jeune. Ce changement de donne bouleverse la hiérarchie dans la course au podium parisien et ouvre de nouvelles perspectives pour plusieurs coureurs.
Lenny Martinez, héritier des pois familiaux
La prise du maillot à pois par Lenny Martinez constitue sans doute l’histoire la plus belle de cette étape. Le coureur français de Bahrain-Victorious, très incisif dès le pied du col du Tourmalet, a décidé de lancer les hostilités et est passé seul en tête au sommet du géant des Pyrénées.
Cette performance prend une dimension particulière quand on sait qu’elle s’inscrit en parfaite filiation avec son grand-père, lauréat du Grand Prix de la montagne en 1978, soit 47 ans plus tôt. Lenny Martinez porte désormais le maillot à pois au terme de cette étape, perpétuant ainsi une tradition familiale exceptionnelle.
À seulement 21 ans, Lenny Martinez devient le plus jeune Français à endosser le maillot à pois sur le Tour de France. Cette performance remarquable témoigne du talent précoce de ce grimpeur prometteur, qui semble avoir hérité des qualités de son illustre grand-père Mariano Martinez.
« Mon grand-père doit être fier de moi », déclarait-il après avoir pris la tête du classement du meilleur grimpeur. Cette émotion palpable illustre parfaitement l’importance de ce moment dans sa jeune carrière et dans l’histoire familiale des Martinez.
Une prime historique pour les 50 ans du maillot à pois
Cette prise du maillot à pois par Lenny Martinez intervient dans un contexte particulier : le maillot du meilleur grimpeur fête cette année ses 50 ans d’existence. Créé en 1975, ce maillot distinctif est devenu l’un des symboles les plus reconnaissables du Tour de France, récompensant les meilleurs spécialistes de la montagne.
Pour marquer cet anniversaire exceptionnel, les organisateurs ont mis en place une prime spéciale de 50 000 euros pour le porteur du maillot à pois à Paris. Cette somme considérable témoigne de l’importance accordée à ce classement annexe, qui passionne autant les coureurs que le public depuis un demi-siècle.
Lenny Martinez s’est montré conscient que « la tâche sera rude pour ramener le maillot à pois sur les Champs-Élysées le 27 juillet prochain », estimant que « ça se joue entre les mecs qui vont gagner le Tour ». Néanmoins, sa détermination et son talent lui offrent de réelles chances de conserver ce maillot tant convoité.
Trois générations de passion cycliste
L’histoire de la famille Martinez sur le Tour de France dépasse le simple cadre sportif pour devenir un véritable conte de fées du cyclisme français. Mariano Martinez, le grand-père, avait marqué l’histoire en remportant le Grand Prix de la montagne en 1978, établissant ainsi les fondations d’une dynastie cycliste remarquable.
Cette transmission intergénérationnelle de la passion et du talent illustre parfaitement les valeurs du cyclisme français. Entre le grand-père, vainqueur du maillot à pois dans les années 70, et le petit-fils qui reprend le flambeau près de cinq décennies plus tard, c’est toute une famille qui s’est construite autour de l’amour du vélo et de la montagne.
Lenny Martinez a d’ailleurs déclaré vouloir « essayer de garder le maillot à pois le plus loin possible », montrant ainsi sa détermination à honorer l’héritage familial. Cette ambition légitime s’appuie sur un talent précoce et une préparation minutieuse qui lui permettent d’espérer conserver ce maillot distinctif jusqu’à Paris.
Vers un final passionnant
Cette étape à Luchon-Superbagnères, que la Grande Boucle n’avait plus visitée depuis 36 ans, aura marqué un tournant dans ce Tour de France 2025. L’abandon d’Evenepoel, la domination confirmée de Pogacar et l’émergence de Lenny Martinez redessinent complètement la physionomie de cette édition.
Alors que les Alpes approchent et que la semaine finale s’annonce, plusieurs questions demeurent ouvertes. Tadej Pogacar parviendra-t-il à conserver son avantage confortable jusqu’à Paris ? Jonas Vingegaard trouvera-t-il les ressources pour relancer la bataille ? Et surtout, Lenny Martinez réussira-t-il l’exploit de ramener le maillot à pois sur les Champs-Élysées, offrant ainsi à sa famille un doublé historique ?
Cette 14e étape aura en tout cas démontré que le Tour de France 2025 réserve encore bien des surprises. Entre performances individuelles exceptionnelles, rebondissements tactiques et histoires humaines émouvantes, cette Grande Boucle continue de passionner et d’écrire les plus belles pages du cyclisme mondial.