Le loup est-il déjà de retour dans la vallée de la Garonne ?
Une apparition confirmée à Melles ravive les débats autour du grand prédateur
Une photo capturée en juillet 2025 par un piège photographique installé sur les hauteurs de Melles, dans le sud de la Haute-Garonne, vient de confirmer ce que certains soupçonnaient déjà : le loup gris (Canis lupus) a bien fait une incursion dans la vallée de la Garonne. C’est la première preuve formelle de sa présence dans ce secteur depuis plusieurs décennies.
Si cet événement suscite l’émotion chez les naturalistes et curieux de nature, il réveille aussi d’anciens débats liés à la cohabitation entre faune sauvage et activités humaines, en particulier l’élevage. Le loup est-il de retour pour de bon ? Que faut-il en conclure ? Voici un état des lieux complet à partir de faits vérifiés, d’avis d’experts et de témoignages d’habitants — tous anonymisés par souci de neutralité.
C’est un cliché nocturne, flou mais suffisamment net pour que l’identification ne laisse pas place au doute. L’animal apparaît de profil, isolé, dans une clairière sur un secteur boisé non loin des limites de la réserve du mont Valier. L’appareil était installé dans le cadre d’un suivi de la petite faune sauvage par un groupe de naturalistes amateurs.
L’image a été transmise à l’Office français de la biodiversité (OFB), qui a confirmé formellement qu’il s’agissait bien d’un loup, seul individu détecté à ce jour dans ce secteur. Aucun collier GPS ni marque de suivi ne semble présent, ce qui laisse penser à un individu sauvage non captif.
— Agent de l’OFB basé en Occitanie
Ce cliché n’est pas un événement isolé en France. Depuis les années 1990, le loup, longtemps disparu du territoire national, est revenu naturellement par l’Italie, progressant d’abord dans les Alpes, puis vers le Massif central et les contreforts pyrénéens. Selon les données de l’OFB, plus de 1 100 individus seraient aujourd’hui présents sur le territoire français, majoritairement dans le sud-est et en zone de moyenne montagne.
— Spécialiste du CNRS
L’apparition d’un loup ne signifie pas encore que l’espèce s’est réinstallée durablement dans le secteur. Il est fréquent que des jeunes individus explorent de nouveaux territoires sans s’y fixer.
— Agent de terrain de l’OFB
Cependant, les conditions environnementales de la haute vallée sont favorables à l’installation : densité humaine faible, zones de quiétude, gibier abondant (chevreuils, sangliers), corridors forestiers connectés.
— Naturaliste bénévole
À Melles comme dans les villages voisins, l’annonce a suscité des réactions contrastées. Plusieurs habitants évoquent la beauté d’un tel retour, y voyant une revanche de la nature. Mais d’autres expriment une inquiétude croissante, surtout du côté des éleveurs.
On en parle depuis des années, mais maintenant que c’est réel, on ne sait pas quoi faire. On n’est pas préparés.
— Habitant éleveur de brebis
Ce n’est pas la peur du loup, c’est la peur de ne pas être écoutés. On ne veut pas d’opposition stérile. Juste qu’on nous aide à protéger nos bêtes si nécessaire.
— Éleveur local
L’expérience d’autres régions montre que la cohabitation entre pastoralisme et prédateur est difficile, mais pas impossible. Cela implique souvent des investissements dans la protection des troupeaux : chiens de garde, clôtures électriques, veille nocturne.
Du côté des défenseurs de la biodiversité, le retour du loup est perçu comme un signal positif pour la santé des milieux naturels. En tant que super-prédateur, il joue un rôle de régulateur des populations d’ongulés (chevreuils, cerfs, sangliers), dont la surabondance peut nuire à la régénération forestière.
— Biologiste, programme européen sur la faune sauvage
Certains imaginent même que la vallée de la Garonne pourrait, à terme, devenir un territoire pilote de cohabitation, à condition d’impliquer tous les acteurs locaux.
Au-delà des aspects écologiques, le loup fascine. Il nourrit l’imaginaire collectif, les contes, les légendes, les peurs ancestrales. Sa présence pourrait, paradoxalement, devenir un atout touristique si elle est bien gérée.
Ce genre de nouvelle attire l’attention. Il ne faut pas verser dans le sensationnalisme, mais cela peut renforcer l’image sauvage, préservée et authentique du territoire. Ce peut être une chance si l’on valorise une nature vivante, respectée.
— Élu local
Certaines structures, comme des maisons de la nature ou des refuges naturalistes, pourraient capitaliser sur cette actualité pour proposer des séjours d’observation responsables, des randonnées éducatives ou des expositions.
Pour l’instant, les autorités appellent à la vigilance mais pas à l’alerte. Aucune attaque n’a été recensée, et le loup évite spontanément les humains. Toutefois, si de nouvelles preuves de présence apparaissent, un protocole de suivi renforcé sera mis en place.
L’OFB recommande de :
- ⚠️Ne pas chercher à approcher ou traquer l’animal.
- ⚠️Signaler toute trace suspecte (empreinte, excrément, observation visuelle).
- ⚠️Respecter la faune en limitant les dérangements, notamment par les chiens non tenus en laisse.
La vallée de la Garonne, longtemps façonnée par l’homme mais restée profondément naturelle, semble renouer avec un passé que l’on croyait révolu. Le loup, longtemps diabolisé puis oublié, est de retour.
Dans tous les cas, cette présence nous interroge sur notre rapport à la nature, à la peur, et à la place que nous laissons au sauvage dans nos territoires.