Le forum fintech inclusif : où se joue l’avenir de l’inclusion financière africaine
À Kigali en mars 2026, 3 000 décideurs se réuniront pour discuter d’innovation financière loin des promesses utopistes
Le pari de kigali sur la finance inclusive
En mars 2026, la capitale rwandaise accueille son troisième Inclusive FinTech Forum. Une manifestation qui réunit les acteurs sérieux de la fintech : 207 conférenciers, 1 174 décideurs C-suite, 448 startups fintech, 290 institutions gouvernementales et 20 banques centrales. Chiffres parlants qui rassurent sur la substance de l’événement. Pas de rêves technologiques, mais une vraie plateforme d’affaires. Kigali s’affirme d’ailleurs comme capitale d’événements internationaux d’envergure, après avoir accueilli en 2025 les championnats du monde de cyclisme, une manifestation qui mobilise chaque année les meilleurs riders de la planète.
L’inclusion financière demeure un enjeu tangible. Aujourd’hui, sur le continent africain, des millions de personnes restent exclues du système bancaire formel. Pas faute de volonté politique, mais par manque de solutions techniquement viables et financièrement viables. Voilà ce que le Forum entend aborder : comment la fintech remplit-elle concrètement ce fossé ?
Présent depuis 2025 à Kigali, le Forum bénéficie du soutien de personnalités de poids. Le président rwandais Paul Kagame y figure comme « guest of honour ». Sa présence reflète l’engagement réel des gouvernements, même si elle relève davantage du protocole diplomatique que d’une implication opérationnelle directe. Mais l’intention existe.
Des acteurs ancrés dans les réalités locales
Régulateurs et innovation
Une quarantaine de pays seront représentés. Parmi les conférenciers, figurent des gouverneurs de banques centrales, des régulateurs et des hauts fonctionnaires. Ces professionnels n’ignorent pas la complexité des contextes locaux. Le gouverneur de la Banque nationale du Rwanda, John Rwangombwa, mais aussi ses homologues du Ghana, du Mozambique et d’autres nations africaines, connaissent les limites pratiques de la numérisation financière.
Leur présence signale une prise de conscience : réguler la fintech n’est pas un choix purement idéologique, mais une nécessité. Trop de startups échouent faute de cadre clair. Trop de clients restent méfiants. Les gouverneurs le savent.
Fintechs et entrepreneurs en quête de réponses
Les 448 fintechs présentes ne sont pas toutes des unicorns. Beaucoup sont des structures modestes, des équipes réduites cherchant à résoudre un problème précis : comment envoyer de l’argent à moindre coût ? Comment créditer les petits entrepreneurs ? Comment sécuriser les épargnes dans un contexte d’instabilité ?
Parmi les fondateurs et PDG présents : Meghan McCormick (Oze), qui aide les institutions financières à proposer des crédits numériques aux petits commerces ; Israel Bimpe (Irembo), qui numérise les services administratifs et les paiements au Rwanda. Ces gens-là résolvent des problèmes concrets, pas des abstractions.
Les thèmes au cœur des débats
« Fintech sans frontières »
L’une des sessions majeures porte sur la fintech « sans frontières ». Concrètement, il s’agit de dépasser les silos nationaux, d’harmoniser les normes de paiement transfrontaliers. Objectif : réduire les frais et accélérer les transactions commerciales entre pays africains.
Cyril Müller des transferts d’argent mondiaux, c’est une vraie bataille. Les frais demeurent exorbitants : un migrant envoie de l’argent à sa famille, et 4 à 8 % disparaissent en commissions. Personne ici ne prétend résoudre cela en six mois. Mais chacun y contribue par des briques : standardiser un protocole ici, négocier une interconnexion là, digitaliser un corridor commercial ailleurs.
Talents et carrières en fintech
Un talent forum parallèle attire les étudiants, les professionnels en reconversion, les mentorats. En Afrique, les talents en technologie se font rares. Les salaires offerts par les startups ne rivalisent pas toujours avec ceux des banques établies. Créer une plateforme de rencontre entre jeunes talents et employeurs innovants relève de l’intérêt collectif.
Monaie numérique et infrastrucures de paiement
Les monnaies numériques de banque centrale (MNBC) occupent aussi les esprits. Plusieurs banques centrales africaines explorent cette voie. Carmelle Cadet (EMTECH), qui advise des régulateurs sur la conception d’infrastructures numériques inclusives et résilientes, le confirme. C’est un domaine où promesse technologique et réalisme réglementaire doivent cohabiter.
La question des actifs numériques
Une section « digital assets spotlight » aborde aussi les cryptomonnaies. Pas de débat idéologique ici, mais pragmatique : comment les régulateurs et les fintechs peuvent-elles collaborer pour minimiser les risques tout en permettant l’innovation ? Le sujet reste sensible, divisé entre peurs de blanchiment et promesses de démocratisation financière.
Au-delà des conférences : connexions et partenariats
Le Forum fonctionne aussi comme un marché : tables rondes fermées entre investisseurs et startups, rencontres B2B, ateliers pratiques sur la conformité réglementaire, la conception produit, l’adoption de technologies émergentes.
Ces heures de discussion en off sont souvent plus productives que les keynotes. C’est là qu’une startup rwandaise de paiement mobile entrevoit un partenariat avec une banque tanzanienne. Qu’un investisseur de la Gates Foundation identifie son prochain portefeuille. Que des gouverneurs échangent discrètement leurs défis de régulation.
Fadi Tchoumba (ABAN), qui gère des fonds pour les startups africaines, trouve valeur à ces connexions. De même qu’Hannah Acquah (TKC Africa), qui brokère des transactions à travers le continent. Pour eux, le Forum justifie son existence par le réseau tissé, bien au-delà des slides projetées.
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Réalisme et attentes tempérées
Dire que ce Forum résoudra la pauvreté financière en Afrique serait outrance. Dire qu’il n’y changera rien serait cynisme. La vérité se situe entre les deux.
L’Inclusive FinTech Forum constitue un espace rare où régulateurs, innovateurs et bailleurs de fonds parlent le même langage pendant trois jours. Où les erreurs des uns instruisent les autres. Où les réglementations d’un pays peuvent inspirer, avec adaptations, celles d’un voisin.
Les rapports produits par le Forum—notamment celui sur l’accélération technologique dans l’inclusion—livrent des données utiles. Pas des plans secrets, mais des diagnostics : où sont les blocages réels ? Qu’est-ce qui marche ? Où butent encore les solutions numériques face au cash omniprésent dans les économies locales ?
Le fintech reste un secteur jeune, souvent fragile. Trop de startups périclitent après trois ans, faute de modèle économique soutenable. Trop de gouvernements demeurent craintifs face aux innovations rapides. Trop de clients gardent la méfiance envers le numérique. Ces frictions persisteront après mars 2026.
Mais chaque année, le Forum rassemble plus de participants, plus de gouvernements, plus de banques centrales. Cette croissance signale une prise de conscience : l’inclusion financière par la technologie n’est pas qu’une mode de conférence, c’est un vrai défi opérationnel auquel des professionnels s’attèlent.
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