Bene Bono a besoin de nous !
L’appel au secours d’une startup qui sauve des tonnes de produits du gaspillage
Un cri du cœur qui résonne bien au-delà d’une simple startup
« Chez Bene Bono, on croit qu’un monde où rien de bon n’est gaspillé est possible. […] Notre modèle n’est pas encore rentable aujourd’hui et Bene Bono risque de disparaître. »
Ce message, publié récemment par les fondateurs de Bene Bono, nous plonge au cœur d’un paradoxe troublant de notre époque. D’un côté, une urgence environnementale criante qui appelle des solutions innovantes. De l’autre, la dure réalité économique qui rattrape même les initiatives les plus vertueuses. L’histoire de Bene Bono illustre parfaitement les défis auxquels font face les entreprises qui tentent de réconcilier impact écologique et viabilité financière.
Bene Bono : une mission noble face aux aberrations du système alimentaire
Le concept révolutionnaire de l’anti-gaspillage
Depuis 2020, Bene Bono s’attaque à un fléau méconnu mais gigantesque : un tiers de ce qui est produit dans le monde finit à la poubelle, représentant 8 à 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En France, cela équivaut à 10 millions de tonnes de produits gaspillés chaque année, pour un coût de 16 milliards d’euros.
Le principe de Bene Bono est d’une simplicité déconcertante : racheter auprès de 300 producteurs bio français les fruits, légumes et produits d’épicerie qui ne peuvent pas être écoulés dans les circuits classiques. Pourquoi ? Parce qu’une carotte de 19 millimètres de diamètre au lieu de 20, ou qu’un lot de pâtes avec un emballage légèrement abîmé, ne trouvent pas leur place dans les rayons standardisés de la grande distribution.
Des chiffres qui donnent le vertige
- 📦 2 millions de commandes livrées depuis 2020
- 🥕 8 000 paniers préparés chaque semaine
- 🌱 2 100 tonnes de produits sauvés en 2023
- 💰 Jusqu’à 40 % d’économies pour les consommateurs
En théorie, le modèle semble parfait : producteurs qui écoulent leurs invendus, consommateurs qui accèdent au bio à prix réduit, planète préservée du gaspillage. Un cercle vertueux qui devrait séduire massivement. Pourtant, malgré 30 000 clients actifs et une croissance de 75 % en 2024, l’entreprise se trouve aujourd’hui placée en redressement judiciaire.
La difficile équation de l’innovation durable
L’histoire de Bene Bono révèle une vérité inconfortable : même les meilleures intentions du monde ne suffisent pas toujours à créer un modèle économique viable. Après avoir levé 18,5 millions d’euros au total, dont 10 millions en mars 2024, l’entreprise fait face à des difficultés financières qui l’ont menée devant le tribunal de commerce de Paris.
Les défis structurels d’un secteur complexe
Contrairement aux plateformes comme TooGoodToGo qui travaillent en aval avec les invendus des commerçants, Bene Bono s’attaque au gaspillage à la source, chez les producteurs. Cette approche nécessite une logistique complexe : collecter des produits dispersés géographiquement, les trier, les conditionner, puis les livrer à des milliers de clients. Chaque étape représente un coût que la réduction de prix ne permet pas toujours de compenser.
Le paradoxe est saisissant : plus l’entreprise sauve de produits, plus elle doit investir dans sa logistique, reportant d’autant l’atteinte de la rentabilité. Les fondateurs estiment avoir besoin de convaincre 5 000 nouveaux clients pour franchir le point d’équilibre. Un objectif ambitieux mais nécessaire pour éviter la disparition d’une entreprise qui emploie plus de 60 personnes.
Le grand paradoxe de la consommation française
Pendant que Bene Bono lutte pour sa survie, les Français continuent massivement de remplir leurs caddies des mêmes produits ultra-transformés. Une observation qui soulève des questions dérangeantes sur nos priorités collectives.
L’hyperconsommation qui perdure
Chaque seconde, les Français consomment 2,7 kilos de Nutella, soit 84 000 tonnes par an – 26 % de la consommation mondiale pour moins de 1 % de la population planétaire. Les rayons des supermarchés regorgent toujours de Coca-Cola, de chips industrielles et de produits ultra-transformés, tandis que trois quarts des Français jugent le bio « inaccessible ».
« D’habitude je ne prends que des marques top budget. Là je voulais juste faire plaisir à ma fille… »
Cette déclaration, recueillie lors des tristement célèbres « émeutes du Nutella » chez Intermarché, révèle une réalité sociale complexe. La consommation de produits de marque devient parfois un marqueur social, un moyen de « faire plaisir » malgré des moyens limités. Mais elle masque aussi une méconnaissance des alternatives économiques que représentent des solutions comme Bene Bono.
Ces même consommateurs ont les retrouve errants dans les rayons des discounters comme Action ou Centrakor, tuant le temps, pour repartir avec ce gadget inutile, rigolo, original, venu de l’autre bout du monde… qui terminera au fond d’un placard ou dans une poubelle.
Le mythe du « bio trop cher »
Contrairement aux idées reçues, consommer mieux ne coûte pas forcément plus cher. Les clients de Bene Bono économisent en moyenne 200 euros par an tout en consommant exclusivement bio et français. Mais cette information reste marginale face au matraquage publicitaire des grandes marques et aux promotions spectaculaires sur les produits ultra-transformés.
Témoignages : quand les consommateurs deviennent acteurs du changement
« Produits frais et très goûteux. J’adore et je ne peux que recommander, cela fait maintenant plus d’un an et demi que je commande. »
« Je me fais livrer à côté de mon bureau et j’évite une perte de temps à arpenter les rayons des supermarchés. »
Ces témoignages illustrent qu’au-delà de l’aspect écologique, Bene Bono répond à de vraies attentes : praticité, qualité, économies. Pourtant, ces satisfactions client ne suffisent pas à assurer la pérennité de l’entreprise face aux habitudes bien ancrées de la consommation de masse.
Les vraies victimes de nos choix de consommation
Pendant que nous débattons du prix du bio, la planète encaisse les coups de nos habitudes alimentaires. L’agriculture conventionnelle, dopée aux pesticides et engrais chimiques, épuise les sols, détruit la biodiversité et contribue massivement au réchauffement climatique. Les consommateurs, eux, paient le prix fort : cancers, maladies cardiovasculaires, troubles métaboliques.
Le coût caché de l’alimentation industrielle
Chaque euro « économisé » sur des produits industriels se traduit par des coûts différés : dépollution des sols, traitement des maladies chroniques, adaptation au changement climatique. Sans compter les canicules, inondations et autres événements extrêmes qui frappent désormais régulièrement notre territoire.
Les initiatives comme Bene Bono proposent une alternative concrète à cette spirale destructrice. Elles permettent de préserver les sols, de soutenir une agriculture respectueuse de l’environnement et d’offrir une alimentation saine à prix accessible. Mais elles ont besoin du soutien des consommateurs pour exister.
Comment chaque geste peut faire la différence
L’appel des fondateurs de Bene Bono résonne comme un ultimatum : « chaque commande peut faire la différence ». Cette phrase, loin d’être du marketing, reflète une réalité mathématique. Avec 5 000 nouveaux clients, l’entreprise pourrait atteindre l’équilibre et continuer sa mission.
Les gestes simples qui changent tout
- Passer une première commande pour tester la qualité des produits sauvés
- Parler de l’initiative autour de soi, même à ceux qui râlent contre les tomates d’hiver
- Partager l’information sur les réseaux sociaux, dans les groupes familiaux
- Envoyer un message de soutien aux équipes qui luttent pour maintenir leur mission
Ces actions peuvent sembler dérisoires face à l’ampleur des enjeux environnementaux. Pourtant, elles s’inscrivent dans une logique collective où chaque choix de consommation devient un vote pour le monde que nous voulons léguer aux générations futures.
Épilogue : l’urgence d’un changement de paradigme
L’histoire de Bene Bono dépasse largement le cadre d’une startup en difficulté. Elle révèle les contradictions d’une société qui proclame son attachement à l’environnement tout en perpétuant des modes de consommation destructeurs. Elle interroge notre capacité collective à soutenir les initiatives qui incarnent nos valeurs déclarées.
« On pense sincèrement que c’est ensemble qu’on peut changer les choses, alors si ce message résonne en vous, vous savez comment nous aider ! »
Ce cri du cœur des fondateurs résonne comme un défi lancé à chacun d’entre nous. Saurons-nous transformer nos bonnes intentions en actes concrets ? Saurons-nous privilégier des alternatives durables plutôt que de céder aux sirènes de la consommation de masse ?
L’avenir de Bene Bono se joue aujourd’hui. Mais au-delà de cette entreprise, c’est notre capacité collective à construire un monde plus durable qui est en question. Chaque choix compte, chaque geste fait la différence. Il ne tient qu’à nous de le prouver.
🌱 Soutenir Bene Bono 🌱
Chaque commande compte pour sauver cette initiative écologique et sociale