Comment le village de Melles s’engage dans la préservation de la biodiversité ? Pendant que l’hiver s’installe avec son manteau blanc sur le vaste territoire de Melles, l’équipe municipale s’efforce de préparer les saisons à venir. Pour l’heure les animaux en estive sont redescendus, la faune sauvage s’installe paisiblement dans l’hiver, les randonneurs sont au coin du feu, tandis que la faune sauvage plie racine sous terre. Mais à la mairie de Melles, on sait bien qu’au printemps tout le monde va vouloir reprendre sa place. Et ce n’est pas une mince affaire d’autant que le réchauffement climatique bouleverse la donne !
Le classement en Espaces Naturels Sensibles de zones d’estives
Alors loin de vouloir exacerber les positions bien tranchés des uns et des autres, le Maire de Melles prépare ses dossiers. Pour que chacun entre biodiversité sauvage et activités humaines trouve sa place. Après l’appel au courage politique de cet été, c’est le Conseil Départemental qui prend une première mesure avec la commune de Melles, en protégeant 2 330 hectares de biodiversité sur le territoire. Le classement en Espaces Naturels Sensibles en Haute-Garonne des zones d’estives autour de trois nouvelles zones humides créé un territoire naturel protégé pour sa biodiversité et ses activités humaines d’estives.
Car un espace naturel est qualifié de sensible s’il présente un intérêt fort pour la biodiversité (espace remarquable) ou une fonction biologique (nature ordinaire), et s’il se retrouve fragilisé et/ou menacé. C’est dans ce contexte que des mesures de protection et de gestion sont prises pour préserver les richesses naturelles.
Avec ce classement en Espaces Naturels Sensibles, de nouvelles ressources seront disponibles pour accompagner la nécessaire cohabitation entre l’homme et ses activités, et la nature et ses fragilités. Avec au milieu la difficile relation entre éleveurs et ours des Pyrénées. Mais si on devrait plutôt parler de certains éleveurs avec certains ours.
Appréhender différemment les estives et la prédation
A force de vouloir façonner une planète pour nos activités, nous en mesurons aujourd’hui très directement, et presque dramatiquement les effets. Et si dans l’absolu, on voit bien comment on pourrait rétablir l’équilibre, la phase de transition nécessaire n’est pas sans causer de frictions. Ces frictions sont finalement plus saines que l’indifférence de celles et ceux biens décidés à ne rien changer dans leurs habitudes.
Si la question de l’élevage, des estives et des prédations de l’ours cristallise le débat localement, c’est aussi à la puissance publique (et collective) d’accompagner cette transition. Et ce n’est finalement que la réparation de nos choix, de nos décisions . L’homme ne peut continuellement pas éliminer chaque espèce et chaque trait de la nature qui le dérange. Mais en même temps on ne peut pas prôner l’excellence de l’élevage au rime de la nature, sans protéger celles et ceux qui engagent encore. Certes, certaines estives ne tiennent que par certaines incitations financières, mais sans efforts, les conséquences ne sauraient être que plus dramatiques encore.
Le devoir de correction de la puissance publique
Les animaux en estives entretiennent des espaces naturels, exposés désormais à des risques naturels bien plus dévastateurs. Un troupeau débroussaille, piétine, fertilise les sols, la faune et la flore environnantes. Et même dans un contexte de réduction de la consommation de viande, cet effort mené par certains éleveurs, pérennise l’élevage paysan et la qualité de notre alimentation. L’élevage de nos montagnes, par les estives, n’est pas cet élevage intensif dans des fermes gigantesques au bilan carbone et sociétal effroyable. Si aujourd’hui on doit s’efforcer de maintenir cette activité pastorale, c’est parce que nous avons cru un temps, que notre société se porterait mieux en consommant plus et en produisant plus à des prix toujours plus bas. Cette erreur de calcul mérite aujourd’hui de la puissance publique une correction, comme elle a su corriger l’extinction de l’ours. Veut-on des cochons Herta élevés dans des cages, ou des agneaux broutant l’herbe (et les ronces) des montagnes mais à (raisonnablement) protéger des ours ?
L’impérieuse question de la ruralité
C’est pourquoi le village de Melles a demandé le classement de zones d’estives en Espaces Naturels Sensibles (ENS) pour accompagner et protéger le pastoralisme, pierre angulaire de la ruralité. Car demain sans activités rurales agricoles ou d’élevages, les villages se videront pour laisser place à des musées de la nature à ciel ouvert avec surtout une nature en prise direct avec les affres du réchauffement climatiques.
Sur ces zones protégées pour le pastoralisme les collectivités pourront mieux accompagner les éleveurs dans leur mission, avec des mesures adaptées à définir. Mais cela notamment par des cabanes pastorales comme celle montée à Melles dans le secteur d’Aouéran pour abriter dignement les bergers. Il faudra également appréhender la question des enclos pour protéger les animaux. Et de là voir si ces mesures suffisent à protéger les animaux des prédations de l’ours, tout en poursuivant l’objectif de préserver la nature environnante. Alors maintenant pourquoi pas des moutons d’Ouessant à Melles ?
EC pour Melles750