Le terrassement pour l’autoconstruction de sa maison ossature bois (MOB) en montagne est certainement une des étapes de la construction la plus délicate. Les engins de chantier comme une pelleteuse ou un dumper sont toujours difficiles à acheminer sur les routes de montagne, et surtout à faire circuler dans les ruelles étroites de nos villages d’altitude. Mais le plus périlleux reste de manoeuvrer avec de lourds engins sur des terrains souvent étroits et bien sûr en pente. Pour implanter la maison, il faut aménager une surface plane suffisante pour creuser des fondations, tout en préservant la structure du terrain. Dans ces situations, il ne faut pas jouer avec les lois de la nature, et préserver les éléments structurants et stabilisants. Enfin dernière contrainte, comment évacuer la terre et les pierres ? A cette étape du terrassement, et comme finalement à toutes les étapes d’une construction en montagne, la configuration de l’espace, les contraintes physiques, les difficultés logistiques, façonne votre projet de construction. S’adapter ou abandonner !
Trouver un professionnel du terrassement en montagne
La première galère reste de trouver un professionnel intéressé, qualifié et disponible pour réaliser les travaux de terrassement. Les nouvelles constructions en montagne, dans les Pyrénées centrales, sont désormais rares, et le savoir faire se perd immanquablement. Aussi, mieux vaut toujours la carte d’un professionnel maitrisant la configuration particulière de la construction en montagne. D’abord il ne sera pas effrayé par la typologie de votre projet, et il pourra ainsi vous proposer un devis raisonnable. Comment trouver ce professionnel du terrassement en montagne ? Rien de plus simplement finalement. Vos voisins, les autres habitants du village savent.
Pour les autres professionnels installés dans la vallée, la plupart refusent de monter, et les autres envoient des devis explosifs.
Acheminer les engins de chantier
C’est évidemment un sujet qu’un professionnel du terrassement en montagne connait bien. Pour les autres, rien que d’imaginer cette logistique gonfle le devis. Le convoi des engins arpente les lacets menant à votre village pour s’installer à l’entrée. De là, les engins sont déchargés, et la pelleteuse chenille péniblement jusqu’au terrain. Idem pour le dumper (5 tonnes) pour évacuer la terre, les pierres et les autres déchets. Sauf si vous avez de la chance pour qu’un camion puisse monter pour tout récupérer.
Préserver les éléments structurants et stabilisants
La nature et la typologie du terrain vont définir votre projet et pas l’inverse. Si des arbres vivent déjà sur votre terrain, gardez les ! Le réflexe des professionnels qui ne connaissent pas la montagne, est de couper les arbres. Car cela paraît plus facile et plus rassurant. Hors en montagne, sur des terrains en pente, les arbres stabilisent le sol. S’ils sont trop encombrants pendant les travaux, un bon élagage suffira.
Idem pour les murs de soutènement. Sur notre terrain après quelques coups de pelle, on tombe sur un mur de soutènement enfouis sous un éboulis. Certes le conserver va réduire un peu la profondeur de la maison, mais il contribue largement à stabiliser le terrain. On peut toujours le détruire, mais d’une façon ou d’un autre il faudra le remplacer. Mais quand on sait combien la construction est difficile, il faut aussi s’avoir accepter ce qui est déjà présent, quitte à faire quelques concessions sur le projet. A l’autre bout du terrain, dans l’angle c’est le rocher s’invite aussi dans la maison. Impossible de le tailler davantage. Il aurait fallu monter un brise roche, et le marteau piqueur finit par caler devant la résistance du rocher. La bonne nouvelle c’est que ce rocher saillant, est accroche idéale pour démarrer et fixer les fondations.
Préparation des fouilles pour les fondations
Après deux journées intenses pour excaver le talus, la surface place et constructible se dessinent enfin. Enfin, car, entre la végétation abondante, les pierres de l’ancienne bâtisse et la protubérance du talus, imaginer le terrain constructible demandait un peu d’imagination.
A ce stade, l’heure est venue d’implanter la Maison Ossature Bois sur le terrain. Sur le plat ainsi délimité, il nous reste un rectangle de 21 mètres de long sur 7,80 mètres de large. Comme le terrain est en zone sismique, et que l’architecte des bâtiments de France (ABF) impose des murs en pierre en façade nord et sud, on creuse une fondation de type filante. Sur un terrain plus stable, dans une configuration de plaine, des plots auraient pu suffirent. Le long du talus, en s’appuyant sur le rocher, on prévoit de couler une longrine en béton armé. Pour le reste on creuse des fouilles de 50 cm de large sur 50 cm de profondeur.
Maintenant vient le terrible moment de calculer le cubage de béton pour remplir ces fondations. En sachant que l’on devra tout faire à la bétonnière, et qu’il est impossible de monter des big bag de sable et de gravier. En clair, pas de toupie, et pas de livraison possible de matériaux. Mais ça c’est encore une autre histoire …