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Luchon bientôt la nouvelle Maison de Santé

Maison de santé Luchon

 

L’offre de soins se renforce à Luchon : centre d’imagerie et maison de santé

Entre pragmatisme territorial et nécessité sanitaire

Le bassin de vie de Luchon connaît une recomposition de son offre de soins. Fin septembre, un centre d’imagerie médicale a ouvert ses portes, proposant radiologie, échographie et IRM. Dans quelques semaines, une maison de santé pluriprofessionnelle de 1 261 m² accueillera une vingtaine de professionnels. Ces deux équipements répondent à une réalité bien connue des territoires ruraux : la difficulté d’accès aux soins devient un enjeu majeur qui nécessite des investissements publics conséquents.

Un centre d’imagerie opérationnel depuis fin septembre

Le 29 septembre dernier, le centre d’imagerie médicale de Luchon a ouvert au public. Cette structure, qui s’inscrit dans l’écosystème de la future maison de santé, propose une gamme d’examens jusqu’alors difficiles d’accès localement. Radiologie standard, échographie et IRM constituent le socle de l’offre diagnostique disponible.

Le centre va au-delà du simple diagnostic par l’image. Le radiologue y pratique également des gestes interventionnels : infiltrations intra-articulaires, tendineuses et péri-tendineuses, ainsi que des infiltrations rachidiennes, le tout sous guidage échographique ou radiographique. Ces actes, fréquemment prescrits pour les pathologies rhumatologiques ou les douleurs chroniques, évitaient jusqu’à présent des déplacements vers Toulouse ou Tarbes.

Des conditions d’accès classiques

Le fonctionnement du centre suit les standards habituels du système de santé français. Les patients doivent se présenter munis de leur prescription médicale, de leur carte Vitale, de leur attestation de mutuelle et d’une pièce d’identité. Les horaires d’ouverture couvrent la semaine du lundi au jeudi de 9h à 17h45, et le vendredi de 9h à 13h. La prise de rendez-vous s’effectue par téléphone au 05 61 88 94 51 ou par courriel à contact.imlds@gmail.com.

Cette nouvelle infrastructure d’imagerie répond à une problématique concrète : réduire les délais d’attente et limiter les déplacements pour des examens qui, bien que courants, nécessitent des équipements coûteux. L’IRM notamment, reste un examen chronophage dont les listes d’attente s’allongent dans les grandes agglomérations.

Une maison de santé attendue pour novembre

L’ouverture du centre d’imagerie préfigure celle, bien plus vaste, de la maison de santé pluriprofessionnelle prévue pour le 1er novembre. Ce bâtiment de 1 261 m², construit sur le site de l’ancien cynodrome, représente un investissement total de 4,5 millions d’euros TTC porté par la Communauté de Communes Pyrénées Haut Garonnaises (CCPHG).

Le projet n’est pas le fruit d’une volonté politique isolée. Il s’appuie sur une Société Interprofessionnelle de Soins Ambulatoires (SISA) qui réunit 48 adhérents, dont 28 professionnels de santé. Cette démarche collective, validée par l’Agence Régionale de Santé, témoigne d’une mobilisation du terrain face à une situation préoccupante : le manque chronique de praticiens dans le bassin luchonnais.

Un plateau technique diversifié

La future maison de santé accueillera une vingtaine de professionnels aux spécialités variées. Cinq médecins généralistes, dont un médecin du sport, constitueront le socle de la prise en charge de premier recours. S’y ajouteront un cardiologue et un gynécologue, deux spécialités souvent en tension dans les territoires ruraux.

L’offre paramédicale ne sera pas en reste : trois infirmiers, deux orthophonistes, un orthésiste, un psychologue, un ostéopathe et un sophrologue complèteront l’équipe. Le Service de Soins Infirmiers À Domicile (SSIAD) et un service de médecine du travail trouveront également leur place dans ces murs. Le centre d’imagerie récemment ouvert intégrera naturellement cet ensemble.

Un chantier mené dans les délais

Le calendrier du projet illustre la complexité de telles opérations. L’année 2022 a été dédiée à la programmation et à la sélection du cabinet d’architectes Studio K. Les études de maîtrise d’œuvre et le choix des entreprises ont occupé 2023 et 2024. Les travaux, démarrés en septembre 2024, s’achèvent en ce mois d’octobre 2025. Seize lots ont été attribués à quatorze entreprises, participant ainsi à l’économie locale.

Le coût total s’élève à 4,5 millions d’euros TTC, dont 3,577 millions pour les travaux proprement dits. Un montant significatif qui nécessite la mobilisation de financements européens, étatiques, régionaux, départementaux et de l’ADEME. La commune de Bagnères-de-Luchon a pour sa part cédé gratuitement le terrain et pris en charge les réseaux de voirie.

Les collectivités en première ligne face à la désertification médicale

L’engagement financier de la Communauté de Communes Pyrénées Haut Garonnaises dans ce projet révèle une réalité peu réjouissante : les collectivités locales sont contraintes d’intervenir au-delà de leurs compétences traditionnelles pour maintenir l’accès aux soins. Un arrêté préfectoral de décembre 2018 leur a d’ailleurs confié officiellement cette mission, devenue effective dès janvier 2019.

Cette situation résulte de choix nationaux passés qui ont privilégié une approche budgétaire de la santé au détriment de l’aménagement du territoire. Les communes et intercommunalités se retrouvent aujourd’hui à pallier les défaillances du système, malgré des ressources limitées. La création en 2021 d’une première maison de santé sur deux sites, à Marignac et Saint-Béat-Lez, avait déjà marqué une étape. Elle accueille désormais une dizaine de professionnels.

Un contexte national tendu

Le bassin de vie luchonnais n’est pas une exception. Partout en France, les zones rurales et les villes moyennes peinent à attirer et retenir les médecins. Les causes sont multiples : vieillissement de la profession, aspirations différentes des nouvelles générations, charge de travail, isolement professionnel. Les jeunes praticiens privilégient souvent l’exercice en groupe, dans des structures équipées, avec des horaires plus maîtrisés.

C’est précisément ce que proposent les maisons de santé pluriprofessionnelles : un cadre de travail collaboratif, des équipements mutualisés, une coordination facilitée entre professionnels. Le modèle séduit, comme en témoigne la mobilisation de 28 professionnels de santé dans le projet luchonnais. Reste à savoir si cette offre suffira à stabiliser durablement la démographie médicale locale.

Un projet qui s’inscrit dans une dynamique territoriale

La maison de santé ne sera pas isolée. La municipalité de Luchon envisage le développement d’un véritable pôle santé sur cette zone. Un centre de dialyse privé est prévu à proximité, ainsi que des logements communaux. Cette approche par quartier vise à créer une masse critique d’activité et à faciliter les parcours de soins.

Le bâtiment lui-même a été conçu par le cabinet Studio K dans une démarche qui se veut sobre écologiquement et en cohérence avec l’architecture locale. Un positionnement en phase avec les ambitions environnementales affichées par le territoire, même si les contraintes budgétaires limitent souvent les ambitions.

Des interrogations demeurent

Si l’ouverture de ces équipements marque indéniablement une amélioration de l’offre de soins locale, plusieurs questions restent en suspens. La maison de santé parviendra-t-elle à attirer de nouveaux praticiens au-delà des professionnels déjà installés ? Les délais de rendez-vous, particulièrement tendus en médecine générale, se réduiront-ils significativement ?

L’équilibre financier de la structure pose également question. Les loyers perçus par la collectivité couvriront-ils les coûts d’entretien et de fonctionnement ? Quelle sera la pérennité du modèle si des praticiens venaient à partir à la retraite sans être remplacés ? Ces interrogations, communes à toutes les maisons de santé rurales, méritent un suivi attentif dans les années à venir.

Des enjeux qui dépassent le seul cadre sanitaire

L’accès aux soins constitue désormais un critère décisif dans le choix de résidence, particulièrement pour les familles avec enfants et les personnes âgées. Un territoire dépourvu de médecins généralistes accessibles rapidement voit sa population diminuer, son attractivité économique s’éroder, ses services publics fragilisés. La spirale du déclin s’enclenche.

Inversement, la présence d’une offre de soins étoffée peut constituer un avantage comparatif. Les entreprises qui hésitent à s’installer dans certaines zones rurales intègrent ce paramètre dans leur réflexion. Les télétravailleurs qui choisissent de s’éloigner des métropoles recherchent des territoires offrant un niveau de services minimum. La santé en fait partie.

Une question de temps

Le véritable test de ces nouveaux équipements se jouera sur le moyen terme. Dans trois ou cinq ans, la maison de santé sera-t-elle pleine, avec une liste d’attente de professionnels souhaitant y exercer ? Ou bien certains cabinets resteront-ils vides, faute de candidats ? La réponse dépendra de multiples facteurs : attractivité du territoire, qualité de vie proposée, liens créés entre professionnels, mais aussi évolution des politiques nationales de santé.

L’Agence Régionale de Santé, qui a validé le projet, en assure d’ailleurs un suivi régulier. Une visite a été effectuée en cours de chantier pour constater l’avancement des travaux et échanger avec les acteurs locaux. Cette attention traduit la conscience qu’ont les instances régionales de l’importance stratégique de tels équipements pour l’équilibre territorial.

Ce qu’il faut retenir

L’ouverture successive du centre d’imagerie fin septembre et de la maison de santé pluriprofessionnelle début novembre marque une étape significative pour le bassin de vie luchonnais. Ces équipements, fruit d’un investissement public de 4,5 millions d’euros et d’une mobilisation de professionnels de santé, visent à enrayer la dégradation de l’accès aux soins.

Pour autant, il serait prématuré d’y voir la solution définitive à un problème structurel qui touche l’ensemble des territoires ruraux français. Les maisons de santé pluriprofessionnelles constituent un outil, certainement pertinent, mais elles ne résolvent pas à elles seules les causes profondes de la désertification médicale. Elles créent des conditions favorables à l’installation et au maintien de professionnels, sans garantie absolue de succès.

Le pari des élus locaux et des soignants mobilisés est celui d’un cercle vertueux : des équipements de qualité attirent des praticiens, qui attirent des patients, qui justifient le maintien et le développement des structures. Un pari dont l’issue se dessinera dans les prochaines années, au gré des arrivées et des départs, des financements maintenus ou réduits, des politiques de santé reconduites ou modifiées. En attendant, les habitants du Luchonnais disposent désormais de nouveaux outils pour se soigner plus près de chez eux. C’est déjà une avancée concrète dans leur quotidien.

Contact centre d’imagerie : 05 61 88 94 51 | contact.imlds@gmail.com

Horaires : Lundi-jeudi 9h-17h45, vendredi 9h-13h

 

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