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Le village de Melles organise son autonomie alimentaire dans une démarche de sobriété et zéro déchet. Une ambition forte qui raisonnent tout particulièrement en ce moment entre crise sanitaire, scandales agroalimentaires bouleversements climatique et guerre, mais que le maire de Melles, Alban Dubois entend bien mener à bien. La crise sanitaire a révélé la nécessité d’une alimentation en circuit-court, avec malheureusement de bonnes intentions restaient vaines. La guerre en Ukraine souligne notre dépendance énergétique avec des conséquences directes sur notre alimentation, notre mobilité, et notre pouvoir d’achat. A chaque fois notre modèle basée sur une consommation toujours mondialisée a montré ses limites, parfois jusqu’à la limite de l’effondrement. C’est pour cela, que sans catastrophisme, mais plutôt avec sobriété et humilité que l’équipe municipale de Melles veut renouer avec le bon sens paysan et l’autonomie alimentaire.

L’autonomie alimentaire à Melles à la fin du 19 ièmes siècle

Village Melles Village Melles

Des précieuses archives nourrissent la réflexion collective autour de l’autonomie de Melles jusqu’à la fin du 19 ièmes siècles. Notamment dans la Monographie agricole de Melles par René Michel, on découvre les conditions des différentes cultures, des différents élevages, de la transformation locale des produits. Des tonnes de seigle, de maïs, de pomme de terre, de betterave, de navets, de topinambours, des ruches, des pommes, des poires, des élevages, alimentait le village. Une agriculture variée qui rythmait la vie du village en fonction des saisons. A cette époque, on ne parlait pas de produits chimiques, ni pour enrichir les sols, ni pour traiter contre « les parasites ». Par contre, on savait manier la rotation des cultures, de celles qui enrichissent le sol, de celles qui limitent les adventices, et surtout de celle que l’on pourrait utiliser et réutiliser de la racine aux graines. Bien sûr les conditions étaient difficiles, et cette autonomie était autant appréciée que contrainte.

Carrassoun pour le transport du fumier Carrassoun pour le transport du fumier

Et puis surtout avec un millier de personnes dans le village l’organisation et la vie collective était tout autre. Mais la question n’est pas de se dire « c’était mieux avant ». Mais de voir comment le village dispose des ressources naturelles suffisantes pour initier une nouvelle démarche de réappropriation agricole. Avec désormais une centaine d’habitants les besoins sont évidemment moins importants. Et l’appui d’un brin de technologie permettra de surmonter le manque de bras.


Trois ans pour inverser la courbe du réchauffement climatique

Après la publication du dernier rapport du GIEC, il ne nous reste qu’une poignée d’années pour inverser la courbe du réchauffement climatique. Avec une priorité de limiter l’utilisation des énergies fossile. Dans ce contexte on ne peut plus se permettre de faire traverser la planète à des aliments dans des cargos. Surtout que les dérives actuelles de l’industrie agroalimentaire (FerreroGate, pizzas Buitoni, …) nous rappelle combien notre société s’enfonce dans ses excès.

Une dépendance alimentaire indéniablement fragilisante, et désormais précarisante, pour toute une population. Les différents confinements, les difficultés d’approvisionnement, les coûts mondiaux et exorbitants des matières premières, interpellent sur nos incohérences de production et de consommation. 

Il est temps d’agir pour retrouver l’indépendance et l’autonomie. Tout le monde en parle de la plus petite échelle jusqu’au sommet des états. A Melles, l’équipe municipale agit pragmatiquement dans ce sens. Le plus difficile c’est de démarrer et d’expérimenter.

Melles organise son autonomie alimentaire dans une démarche de sobriété et zéro déchet

Comme il faut commencer quelque part, l’année 2022 sera l’année de l’expérimentation. Ainsi, le 23 avril tous les habitants du village sont invités à semer une première parcelle de céréales.Avec le concours de l’association Semences paysannes, une parcelle test sera semée avec huit variétés différentes de céréales anciennes (seigle, sarrasin, épeautre, …). Cette parcelle test est mise à disposition par le Jardin Botanique de Melles.

A terme la production de céréales sera destinée aux usages domestiques (pain, pâtes, …) mais aussi à l’alimentation des animaux. L’élevage est déjà (et encore) bien présent sur la commune.

En suivant le maraichage s’installera au coeur du village avec les premières plantations d’un jardin collectif. Ensuite, un poulailler avec des poules pondeuses sera également installé à proximité. Car, dans ce cercle vertueux, la commune entend bien également s’engager dans la voie du zéro déchet.

La production et la consommation locale réduisent drastiquement les déchets. Aussi, la commune prévoit l’installation de composteurs.

La monnaie locale du Comminges, La touselle au coeur de la distribution

Pour cultiver son autonomie, et renforcer la distribution locale de la production du village, la commune va adopter la monnaie locale du Comminges : La touselle.

Melles sera ainsi la première collectivité du Comminges à adopter La touselle. Ainsi, du producteur au consommateur à Melles et dans tout le Comminges, La touselle viendra renforcer la dimension circuit-court des échanges.

Billets de la Touselle Billets de la Touselle

Au fur et à mesure de la montée en puissance de la production à Melles, les produits (légumes, oeufs, viandes, …), les habitants pourront faire leurs courses à des conditions très avant



 

Une démarche collective à l’échelle d’un territoire plus large

Si la monnaie locale du Comminges, La touselle, vient renforcer la dimension territoriale du projet, c’est que cette initiative pourrait bien faire s’inscrire plus largement dans la vallée. Ce qui n’en serait que mieux pour tout le territoire. A travers ce genre d’initiative le territoire renforcerait son attractivité par un projet engagé et collectivement valorisant. Les initiateurs du projet Mellois sont disponibles pour échanger sur le sujet.

D’ailleurs, et toujours à Melles, une nouvelle commission environnement (Com Envi de Melles) s’organise. Elle entend mener des actions sur la préservation de l’environnement au travers de différents évènements et de différentes animations. Ce samedi 30 avril à 15h Com Envi de Melles organise une première opération. Il s’agira de débarrasser le ruisseau de Maudan de quelques déchets.

Pas d’utopie mais une volonté et une ambiant collective

C’est dans ce contexte, que la mairie de Melles, s’engage dans une démarche vertueuse pour tendre vers l’autonomie. Une autonomie qui passe par la production alimentaire, la production d’énergie, la préservation des ressources et la valorisation des déchets. Certains parleront d’utopie, mais parlons plutôt d’ambition. 

Et comme toujours, chaque ambition, aussi vertueuse soit elle, se heurte à des incohérences, des difficultés et des erreurs. Et à Melles on sait bien que pour atteindre des sommets, il faut savoir preuve d’abnégation, de courage et d’humilité.

C’est déjà à Melles qu’une cabane pastorale en fuste a été construite sur les hauteurs d’Aouéran avec la participation d’une cinquantaine de personnes.