[On s’en Melles] avec Céline Laurenties candidate Horizons (Majorité Présidentielle) aux élections législatives
dans la 8ième circonscription de la Haute-Garonne (Comminges et Saves).Quelle Pyrénéenne est-elle ? Comment se positionne t-elle sur la préservation de la biodiversité, la présence de l’ours, et les activités humaines traditionnelles autour du pastoralisme ? Enfin face aux enjeux du réchauffement climatique et aux initiatives d’autonomie (et de résilience) à Melles, quelle ambition porte t-elle ?
Bonjour Céline, quel Pyrénéenne êtes-vous ?
Je suis née dans les Hautes-Pyrénées et j’ai grandi à Clarens. Tout au long de mon enfance, j’ai pratiqué une multitude d’activités liées à la montagne : la randonnée, le ski, le canyoning… le plus souvent dans les Hautes-Pyrénées, je dois bien vous l’avouer. Mais j’ai également passé beaucoup de temps enfant en Haute-Garonne, à Gensac-de-Boulogne, où mes grands-parents paternels avaient leur maison familiale et où ma grand-mère vit toujours d’ailleurs. Quelques années plus tard, les hasards de la vie ont fait que je me suis définitivement établie dans le Boulonnais. Les Pyrénées ont toujours rythmé ma vie. Etudiante, j’ai, par exemple, passé tout un été au refuge des Laquets au Pic du Midi de Bigorre où j’étais, entre autres, serveuse. Je crois que cela reste le plus bel été de ma vie (peut-être plus encore avec le temps qui passe, quand je repense à ces années d’insouciance avec un brin de nostalgie).
Aujourd’hui, dès que mon emploi du temps le permet, j’aime me retrouver dans nos montagnes. Cela fait un peu cliché de dire cela, mais c’est pourtant la réalité : la montagne est un lieu où l’on peut se ressourcer, se vider la tête, ressentir les éléments et une énergie différente. Seule ou accompagnée, en famille ou avec ses proches. Sur place, on n’a pas forcément besoin de beaucoup se parler pour partager et se comprendre.
Dans les Pyrénées Haut-Garonnaises, on a toujours le regard pointé vers les sommets. Vers quels sommets voulez-vous aller ?
Elue locale depuis 7 ans, Conseillère départementale du canton de Saint-Gaudens (en binôme avec Jean-Yves Duclos depuis 2015, maire de Péguilhan depuis 2020), j’ai toujours eu pour ambition de représenter et de défendre notre territoire, la ruralité, et de servir et d’agir pour celles et ceux qui y vivent, quelles que soient leurs origines, leur condition sociale ou leurs idées. Depuis quelques années, de manière de plus en plus forte et récurrente, j’entends dire par les Commingeoises, les Commingeois, les Savésienes et les Savésiens : « On est les oubliés des politiques nationales. On n’est pas entendu, représenté à Paris ». Je comprends et je partage aussi ce sentiment. Alors mon ambition générale, c’est celle-ci : porter la voix des habitants du Comminges et du Savès dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, dans les cabinets ministériels. Faire en sorte que nos particularités soient prises en comptes dans les politiques publiques, mais aussi que des sujets plus locaux mais vitaux pour nous, comme le pastoralisme ou le thermalisme par exemple, ne soient pas les oubliés des décideurs nationaux. J’ai conscience de l’immensité de la tâche, mais je pense que ce genre de combat se gagne pas après pas, mètre après mètre.
On sait aussi que les nuages d’altitudes finissent toujours par se dissiper. Mais en attendant quels sont les difficultés ou les contraintes pour mener à bien vos projets ?
Elue depuis 2015, je suis toujours surprise des clivages politiques qui existent et subsistent. Je pense qu’une fois les élections passées, il serait opportun de travailler tous ensemble, sans dogmatisme, sans sectarisme, pour le développement de notre territoire. Cependant, j’ai découvert et continue de découvrir chaque jour une toute autre réalité. Mais je reste fidèle à ma philosophie, à ma ligne de conduite, en toute transparence, et je poursuis ma route avec toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté.
Quel est votre dernière ballade, randonnée, activité, … dans les Pyrénées Haut-Garonnaise ?
Ma dernière randonnée dans les Pyrénées Haut-Garonnaise a été Le Mont Né au départ de Bourg-d’Oueil, une sortie pour le plaisir ! Mais j’ai aussi la chance que mon activité professionnelle ou d’élue me ramène régulièrement dans nos vallées. Il y a quelques temps, j’ai ainsi passé une après-midi en compagnie du Préfet, des services de l’État, des éleveurs, de représentants dans le chambre d’agriculture ou encore d’élus locaux sur une estive en vallée du Larboust pour évoquer la question du pastoralisme et la cohabitation avec l’Ours. Et puis, dimanche dernier, j’ai eu le plaisir d’assister à la bénédiction du troupeau avant la transhumance de Boutx. Enfin mon frère possédant depuis longtemps une maison à Melles, je suis souvent de passage dans le coin où j’aime pouvoir couper complètement pendant un temps avec mes activités professionnelles.
Notre territoire est fort de sa nature. Si vous étiez un animal des Pyrénées, vous seriez une truite, un ours, un chevreuil, un chien de berger, un oiseau, …. ?
Je serais un chien de berger pour la relation qu’il a avec les hommes et pour les services qu’il rend.
Vous êtes en campagne pour devenir député de notre territoire, comment vous positionnez-vous sur les questions essentielles dans nos montagnes entre la préservation de la biodiversité, la présence de l’ours, et les activités humaines traditionnelles autour du pastoralisme ?
L’ours est une réalité et aujourd’hui il faut arriver à concilier cette présence avec les activités agricoles et touristiques. A ce propos, je me réjouis d’ailleurs que le Président de la République, conscient de cette problématique, a souhaité nommer un préfet « ours » pour traiter spécifiquement de ces enjeux. Le pastoralisme, au-delà de l’aspect économique important, est emblématique du mode de vie pyrénéen. L’État doit accompagner les éleveurs afin de protéger leur activité et leur permettre de la développer. Je suis aussi de celles qui souhaitent que le pastoralisme soit classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Je soutiendrai activement toutes les démarches allant dans ce sens.
Au quotidien, sur le terrain, plusieurs pistes de travail existent pour préserver le pastoralisme : aménager des cabanes confortables et faciliter leur accès pour le ravitaillement ou encore accompagner les éleveurs pour le regroupement des troupeaux la nuit. Il faut poursuivre ce travail.
Le village de Melles s’engage sur la voie de l’autonomie alimentaire, avec sobriété et zéro déchet. C’est aussi le premier village à adopter la monnaie locale La Touselle. Comment en tant que député vous pourriez accompagner et valoriser de telles initiatives ? Car un territoire abandonné par les collectivités, c’est autant une initiative de résistance qu’une initiative de résilience face au réchauffement climatique.
La question écologique est vitale aujourd’hui. Nous voyons bien tous les jours les effets désastreux du changement climatique, du réchauffement de la planète, des atteintes à la biodiversité. Nos Pyrénées ne sont, hélas, pas épargnées. Mais les mentalités changent.
Pour la première fois dans notre pays, la Première ministre est directement en charge de la planification écologique. C’est un signal fort. Tant mieux ! Or, de la même façon que l’écologie doit infuser dans toutes les politiques publiques, elle doit aussi s’inviter à tous les niveaux, à tous les étages de notre organisation territoriale : du sommet de l’État jusqu’à la commune et je dirais même jusque dans nos foyers. Toutes les initiatives qui vont dans le sens de la transition écologique et d’un plus grand respect de notre écosystème sont bonnes à prendre et doivent être valorisées et médiatisées. Quand je dis qu’une Députée doit porter la voix de son territoire et de celles et ceux qui y vivent au sein de l’Assemblée nationale et des ministères, je dis de la même façon qu’elle doit aussi promouvoir au niveau national les atouts et les projets positifs lancés sur ce territoire. Avec comme objectif que ces initiatives inspirent d’autres acteurs, fassent tâches d’huile dans le pays. C’est un premier élément. L’accompagnement, il doit également consister à permettre à ceux qui portent de telles initiatives d’aller au bout de leur démarche et à franchir certains obstacles réglementaires, administratifs ou même financiers en mobilisant d’autres acteurs locaux et en jouant un rôle de facilitateur avec les services de l’État en région par exemple.